Un syndicaliste policier a été entendu pendant plus d'une heure et demie vendredi à Metz par l'IGPN, la "police des polices", après la diffusion sur internet de la vidéo d'une intervention lors de laquelle un agent avait été traîné par le conducteur d'une voiture, a-t-on appris de source syndicale
Le policier auteur de la vidéo avait, lui, déjà été entendu par l'IGPN le 22 février, a-t-on précisé de même source.
Abdel Nahass, secrétaire départemental d'Unité SGP police FO en Meurthe-et-Moselle, était auditionné dans une enquête ouverte pour "violation du secret professionnel".
Il est sorti, accompagné de son avocat, sous les applaudissements d'une centaine de représentants de son syndicat venus de tout le Grand Est le soutenir, a constaté l'AFP.
"L'enquête vise la diffusion sur YouTube d'une vidéo extraite d'une procédure pénale. Elle ne vise personne en particulier", avait expliqué fin février le procureur de la République de Nancy, François Pérain, souhaitant "identifier les policiers qui ont remis à un syndicat un document couvert par le secret de l'enquête et le secret professionnel".
"Dans ce cadre, il ne m'apparaît pas anormal que l'IGPN interroge le représentant local du syndicat ayant réceptionné le matériel vidéo et qui peut détenir des informations quant à l'identité des policiers ayant commis cette infraction pénale", avait-il ajouté.
La vidéo à l'origine de la procédure "a été réalisée avec du matériel personnel", le film a été tourné "depuis la voie publique" et il n'y a "aucun élément personnel qui amène à reconnaître des gens", a répliqué Grégory Joron, secrétaire général délégué d'Unité.
Dans la nuit du 28 août 2020, à Chavigny (Meurthe-et-Moselle), le conducteur d'une voiture qui voulait fuir un contrôle avait traîné un policier sur 500 mètres, blessant légèrement l'agent.
Le conducteur a été condamné à cinq ans de prison ferme en appel le 15 février, selon Unité. En première instance, en octobre, il avait écopé de cinq ans d'emprisonnement, dont quatre ans ferme, selon la même source.
La scène a été filmée par la caméra "personnelle" d'un agent, placée sur le tableau de bord du véhicule de police. Unité l'a diffusée sur sa page Facebook nationale et sur YouTube le 28 août.
"Je pense que nous avons été professionnels. Nous sommes restés dans le cadre de l'exercice de notre syndicalisme et j'espère que le procureur va classer cette affaire-là et qu'on arrêtera là" la série des auditions, a ajouté M. Joron.
Pour Jérôme Moisant, secrétaire national Unité chargé des conditions de travail, l'action judiciaire du parquet a créé "un effet de sidération" chez ses collègues qui "sont contraints de s'équiper de moyens vidéo sur leurs deniers personnels" pour "établir l'absence de leur part de violences illégitimes" et prévenir "la violence dont ils sont victimes".
"On est à l'aube des groupes de travail sur les relations entre la police et la justice (dans le cadre du "Beauvau de la sécurité", ndlr). Quand on voit cette décision du procureur d'enquêter, on se dit qu'il reste encore beaucoup de travail à faire, que le chemin est long", a renchéri Stéphane Morisse, secrétaire national délégué d'Unité zone est.
M. Nahass n'a pas souhaité s'exprimer devant les médias. "Ils veulent faire taire la voix des policiers. Ce n'est pas gagné", a-t-il toutefois lancé à ses collègues.
rz/ha/sp
FACEBOOK