"Pour le respect du droit et l'application de la loi": près de 1.500 personnes ont manifesté samedi à Corte pour demander le rapprochement en Corse de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux des condamnés pour l'assassinat du préfet Erignac, emprisonnés depuis près de 22 ans.
Les manifestants, à l'appel de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et du collectif de l'Ora di u ritornu, ont dénoncé le maintien sous le statut de détenu particulièrement signalé (DPS) de ces deux prisonniers, actuellement détenus à Poissy (Yvelines).
Le cortège a marché à travers la ville derrière une banderole de tête portée par des représentants des associations et des membres des deux familles où l'on pouvait lire: "Pour le respect du droit et l'application de la loi".
Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, arrêtés en mai 1999, ont été condamnés en juillet 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, tout comme Yvan Colonna, arrêté en juillet 2003 et condamné en décembre 2007.
Le refus du Premier ministre Jean Castex, le 21 décembre dernier, de lever le statut de DPS, a éteint l'espoir d'un rapprochement prochain au centre pénitentiaire de Borgo (Haute-Corse), qui n'est pas habilité pour accueillir ce type de prisonniers.
Selon André Paccou, représentant de la LDH en Corse, et Thierry Casanova, porte-parole de l'Ora di u ritornu, il s'agit d'une "décision politique": "Ca veut dire quoi, la prison à vie?", demandent-ils.
En mars, la commission pénitentiaire locale avait pourtant émis un avis favorable à la levée du statut de DPS pour ces deux hommes: "Ils sont +conditionnables+ et libérables depuis 4 ans, au terme d'une peine de sûreté de 18 ans qui n'avait d'ailleurs pas été prononcée par les juges", a rappelé André Paccou.
Le 18 décembre, par décret, le Premier ministre avait écarté le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, de toute décision relative "aux conditions d'exécution des peines et au régime pénitentiaire" des détenus impliqués dans des dossiers que l'ancien avocat aurait eu à traiter.
Me Dupond-Moretti avait notamment défendu Yvan Colonna, l'un des membres du "commando Erignac".
Vendredi, l'Assemblée de Corse a adopté à l'unanimité une résolution solennelle appelant à la levée du statut DPS et à "leur rapprochement immédiat".
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