Le Rassemblement national a dénoncé dimanche le lancement d'une procédure de dissolution du groupe d'extrême droite Génération identitaire par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, y voyant une décision "politique" et "une dangereuse atteinte aux libertés fondamentales".
Soulignant dans un communiqué qu'il "ne partage pas toutes les opinions exprimées par l'association, (...) pas plus qu'il n'approuve toutes ses actions et ses modes d'expression", le parti de Marine Le Pen fait valoir qu'"une association n'a pas à plaire ou déplaire à l'opposition, pas plus qu'au gouvernement".
"Les fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juridiques mais politiques", ajoute-t-il, en alertant sur le risque selon lui que des partis politiques, des associations ou des lanceurs d'alerte puissent à l'avenir "être visés par de telles procédures arbitraires".
Marion Maréchal, ancienne députée RN et nièce de Marine Le Pen, a déploré sur Twitter qu'en France, "l'(ex)UOIF proche des Frères musulmans a pignon sur rue mais un mouvement de jeunesse qui dénonce l'islamisme est dissout".
La porte-parole de Génération identitaire Thaïs d'Escufon a appelé dans une vidéo sur Telegram à une "grande manifestation de soutien" à GI samedi 20 février à Paris.
Le groupuscule "a désormais 10 jours pour répondre au contradictoire", a indiqué Gérald Darmanin samedi soir. Ses actions pourraient relever, selon le code de la sécurité intérieure (CSI), de "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine".
Le 26 janvier, après une opération anti-migrants du groupuscule dans les Pyrénées, M. Darmanin avait évoqué la possibilité d'une dissolution, réclamée de longue date par plusieurs associations et partis politiques. Une enquête préliminaire pour "provocation publique à la haine raciale" a été ouverte dans la foulée.
"Enfin!", s'est félicitée dimanche la députée LFI Mathilde Panot sur Twitter. "L'incitation à la haine ne peut être tolérée en République!", a-t-elle estimé à propos de "ce groupuscule fasciste aux méthodes violentes".
"La loi, toute la loi, rien que la loi", a pour sa part demandé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, disant vouloir s'"assurer que M. Darmanin ne nous fait pas un coup de communication".
Si "cette association tombe sous le coup de la loi elle doit être sanctionnée", mais si le ministre "veut lutter contre ces mouvements d'extrême droite qui veulent fustiger l'immigration, qu'il arrête l'immigration", a aussi lancé le responsable de droite à France 3.
A la différence du RN, Génération identitaire s'oppose non pas à l'islamisme mais à "l'islamisation" de la France et de l'Europe. Et l'organisation prône la remigration, soit le retour de tous les immigrés dans leur pays d'origine, alors que le RN demande le renvoi chez eux des immigrés en situation irrégulière ou ayant commis des crimes ou délits.
La présidente du RN Marine Le Pen avait, le 1er mai 2018, rendu "hommage" aux actions antimigrants menées dans les Alpes par Génération identitaire, saluant une "belle opération de communication".
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