La Russie a massivement utilisé des armes à sous-munitions en Ukraine, causant des centaines de victimes civiles et endommageant des habitations, des écoles et des hôpitaux, a déclaré jeudi un organisme de surveillance.
"Des centaines d'attaques d'armes à sous-munitions menées par les forces russes ont été documentées, signalées ou auraient eu lieu en Ukraine cette année", indique l'Observatoire des armes à sous-munitions (Cluster Munition Coalition, CMC) dans son rapport annuel.
"Les forces ukrainiennes semblent également avoir utilisé l'arme à plusieurs reprises dans le conflit en cours", qui a débuté le 24 février avec l'offensive russe, selon l'organisme.
Ni la Russie ni l'Ukraine n'ont adhéré à la convention interdisant ces armes, qui a 110 États parties et 13 autres signataires.
"L'utilisation massive par la Russie en Ukraine d'armes à sous-munitions internationalement interdites démontre un mépris flagrant pour la vie humaine, les principes humanitaires, et les normes juridiques", a déclaré Mary Wareham, rédactrice du chapitre sur les politiques d'interdiction du rapport.
"Une condamnation sans équivoque de l'utilisation en cours d'armes à sous-munitions en Ukraine est cruciale pour renforcer la stigmatisation de ces armes et mettre fin à la menace qu'elles représentent", a-t-elle ajouté.
Les armes à sous-munitions, larguées par des avions ou envoyées par de l'artillerie, explosent en l'air, relâchant de nombreuses bombes plus petites qui s'éparpillent sur un large territoire. Certaines d'entre elles n'explosent pas et deviennent alors dangereuses comme des mines.
L'Ukraine est le seul pays où ces bombes sont actuellement utilisées, selon le CMC. Et la Russie en a utilisé "un nombre dévastateur" depuis le début de l'invasion, "principalement sur des infrastructures civiles", et n'ont touché que des civils, faisant au moins 215 morts et 474 blessés depuis le début de la guerre il y a six mois, a précisé le CMC.
En 2021, ces armes avaient été utilisées dans neuf pays différents, dont le Syrie, l'Irak, le Laos et le Yemen, et avaient fait pour l'ensemble de l'année 59 morts et 90 blessés, quasi exclusivement des civils, victimes surtout des armes non explosées restées à terre.
Ce rapport de 100 pages est publié alors que les États parties à la convention se préparent pour leur réunion annuelle, qui aura lieu du 30 août au 2 septembre, aux Nations Unies à Genève.
L'Observatoire exhorte en outre la Russie à "mettre un terme immédiat à ces attaques indiscriminées et appelle tous les signataires à prendre les mesures pour renoncer à ces armes et adhérer à la convention sans délai".
La Russie continue à produire des armes à sous-munitions, et au moins six types différents d'armes ont été utilisées en Ukraine, dont au moins deux nouvelles armes, toujours selon le CMC.
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