Dénonçant "un contexte de violence et d'intimidation", le candidat LR dans le 3e secteur de Marseille Jean-Philippe Agresti, éliminé au premier tour des municipales en mars 2020, a demandé mardi l'annulation de ce scrutin devant le tribunal administratif.
Au cours de l'audience, à laquelle M. Agresti n'a pas assisté, le rapporteur public a conclu au rejet de la protestation du doyen de la faculté de droit d'Aix-en-Provence, avec des arguments parfois sévères. "Ce grief est encore moins sérieux que le précédent", "le protestataire aurait pu nous épargner ce grief": un à un, Arnaud Claude-Mougel a méthodiquement écarté les éléments avancés par M. Agresti et son avocat, Mohamed El Yousfi.
Dans sa plaidoirie, ce dernier avait notamment rappelé qu'il n'avait manqué que 63 voix à son client pour atteindre les 10% et se qualifier pour le second tour du scrutin, loin toutefois derrière la candidate du Printemps Marseillais Michèle Rubirola, qui avait engrangé 37,4% des suffrages exprimés dès le premier tour.
Dégradations des affiches électorales de M. Agresti, attaque de sa permanence, intimidation envers les militants LR: au-delà de ces arguments, Me El Yousfi a surtout insisté sur le nombre élevé de procurations dans certains bureaux, très au-dessus de la moyenne habituelle dans le secteur.
Et l'avocat de souligner "la corrélation" dans ces bureaux entre ces forts taux de procurations et les votes élevés en faveur de Michèle Rubirola, dont la large alliance de gauche avait finalement repris aux Républicains une ville dirigée pendant 25 ans par Jean-Claude Gaudin.
Comme les autres, cet argument n'a pas convaincu le rapporteur public qui a estimé "impossible de prouver que les procurations étaient pour Mme Rubirola".
Mme Rubirola, éphémère maire de Marseille, poste où elle a été remplacée par le socialiste Benoît Payan le 21 décembre, avait largement gagné ce 3e secteur au second tour devant le maire sortant divers-droite.
Le tribunal administratif de Marseille a mis son jugement en délibéré dans une quinzaine de jours, soit autour du 16 février.
D'ici à la fin février, les 16 et 19 février, le même tribunal administratif de Marseille va étudier quatre autres protestations contre les élections municipales à Marseille, concernant cette fois les 6e et 7e secteurs, remportés par les listes LR.
Le recours dans le 7e secteur (13e et 14e arrondissements), audiencé le 16 février, a été intenté par le sénateur RN Stéphane Ravier, battu de 387 voix au second tour (50,97% contre 49,03%). M. Ravier met notamment en cause les signatures différentes entre les deux tours pour quelque 450 bulletins. Ce 7e secteur était le seul remporté par le Rassemblement national à Marseille lors des municipales 2014.
Le 19 février, c'est le résultat du scrutin dans le 6e secteur (11e et 12e arrondissements) qui sera examiné par les magistrats administratifs. Trois protestations ont été déposées, notamment par Yannick Ohanessian, tête de liste du Printemps Marseillais, devancé de 352 voix au second tour (35,37% contre 34,10%), à l'issue d'une quadrangulaire, sur fond de soupçons de fausses procurations.
Dans le volet pénal de ce dossier, les enquêteurs creusent la piste d'une maison de retraite du 12e arrondissement où une cinquantaine de procurations ont été établies pour des résidents, certains séniles, et ce à leur insu, selon plusieurs familles.
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