Trois militants écologistes ont été condamnés mardi par le tribunal de Reims à 250 euros d'amende avec sursis chacun pour avoir décroché et emporté en mars 2020 un portrait du Président de la République à la mairie de Taissy (Marne), afin de protester contre l'inaction climatique du gouvernement.
Ces sympathisants d'Action Non Violente COP-21 étaient poursuivis pour vol en réunion. Une quatrième sympathisante a quant à elle été relaxée du chef de refus de se soumettre à un prélèvement biologique pour identifier son empreinte génétique.
"Le fond du procès c'est le vol de Taissy et pas le réchauffement climatique", avait expliqué à l'audience du 16 février le substitut du procureur Pedro Texeira. Il requérait 500 euros d'amende pour les voleurs de portrait et 300 pour la prévenue ayant refusé le prélèvement.
"C'était symbolique. Si on ne fait rien, c'est la fin du monde !", avait fait valoir à la barre le plus âgé des quatre prévenus.
"Le portrait a-t-il été restitué?" lui avait demandé la présidente Elise Rosenberg. "Non ! Macron n'a pas changé sa politique" lui avait-il répondu tout de go.
Le ton était donné d'un procès dont les militants écologistes ont voulu faire une caisse de résonance de leurs angoisses face au dérèglement climatique.
"Quand la politique entre dans les prétoires, la justice en sort" avait prévenu le substitut du procureur.
"Ne condamnez pas ces lanceurs d'alerte" avait demandé Marie Toussaint, députée européenne "Europe Ecologie Les Verts" citée comme témoin par la défense qui demandait la relaxe. "Un délit peut être justifié par la liberté d'expression", avait plaidé Me Simon Miravette.
L'action des militants marnais s'inscrivait dans la campagne nationale "Décrochons Macron", menée par le mouvement ANV COP21, qui a revendiqué des "réquisitions" symboliques partout en France, donnant lieu à des procès aux décisions disparates.
La semaine dernière, Patrick Proisy, le maire France insoumise de Fâches-Thumesnil, dans la banlieue de Lille, avait lui aussi décroché le portrait d'Emmanuel Macron dans sa mairie et l'avait placé dans la salle des mariages, au côté des portraits des autres présidents de la Ve République, "un geste symbolique pour montrer le vide de la politique écologique du gouvernement" et marquer son soutien aux décrocheurs de portraits.
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