Les forces de l'ordre "doivent se moderniser" et notamment "s'adapter à la société de l'image", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lundi, lors de la première table ronde du "Beauvau de la Sécurité" consacrée aux relations entre la police et la population.
"Les forces de sécurité doivent se moderniser sans cesse", a dit le ministre, insistant sur la nécessité pour ces dernières de s'"améliorer" sur la communication.
"Nous devons absolument nous adapter à la société de l'image", a précisé M. Darmanin, qui souhaite "moderniser" les "outils législatifs" afin que la police puisse mieux communiquer sur les enquêtes et mieux "répondre aux attaques".
Le sondeur Jérome Fourquet, de l'institut IFOP, a rappelé que selon un sondage réalisé en début d'année, 6 français sur 10 ressentent "confiance ou sympathie" à l'égard de la police, un niveau stable depuis "juin 2012".
Mais il y a "des fluctuations en fonction d'un certain nombre d'affaires", a-t-il poursuivi, en citant notamment l'affaire Michel Zecler, du nom du producteur de musique noir, violemment frappé par des policiers en novembre. Après cette affaire, "l'institution a perdu 10 points" de confiance en décembre, selon M. Fourquet.
"27% de la population éprouve inquiétude ou hostilité" vis-à-vis de la police, "soit 10 millions de Français", a encore dit le sondeur.
"Une partie de la population est définitivement irréconciliable avec la police", a de son côté déclaré Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, pour qui "nous devons concentrer nos efforts vers cette partie de la population qui doute de notre action".
"Ce qu'on ne fait pas, c'est d'avoir un contact assez important avec les citoyens", a pour sa part regretté le député LREM Jean-Michel Fauvergue, ancien policier. "La police et la gendarmerie sont des polices d'intervention essentiellement. La police de voisinage n'existe plus en France", a-t-il déploré.
"L'administration doit changer son logiciel", a encore plaidé M. Fauvergue. "Accepter peut-être un peu moins de résultats chiffrés, sur les arrestations", notamment. Il faut "se persuader que le contrôle d'identité n'est pas l'alpha et l'omega du travail de police", a-t-il dit, rappelant que ce dispositif était "largement décrié" par une partie de la population.
Concertation inédite sur la police, le "Beauvau de la sécurité" doit durer jusqu'au mois de mai, avec des débats tous les quinze jours. La prochaine table ronde, le 22 février, aura pour thème l'encadrement des jeunes policiers.
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