Des peines de 15 ans de réclusion criminelle ont été requises vendredi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis à l'encontre de deux hommes âgés de 21 et 23 ans pour actes de torture sur un détenu qui partageait leur cellule à la maison d'arrêt de Villepinte.
Les deux jeunes hommes ont reconnu lors du procès avoir infligé une séance de torture à Adam K. dans le huis clos d'une cellule de 9 mètres carrés que partageaient la victime et les deux accusés.
Le soir du 9 décembre 2018, Adam K., aujourd'hui âgé de 24 ans, est dénudé, fouetté puis électrocuté, jusque sur le sexe, avec les fils coupés d'un ventilateur. Il est ensuite contraint à insérer un briquet dans son anus. Paroxysme de ces quatre heures d'horreur: ses codétenus le forcent à avaler son urine et des excréments. Il finira la nuit sur le sol mouillé, en caleçon, devant une fenêtre ouverte.
L'avocate générale a requis 15 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers et un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans. Elle a aussi demandé leur inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles et violentes (Fijais).
Les deux accusés encourent la perpétuité pour actes de torture et de barbarie.
A l'issue des débats vendredi après-midi, les deux hommes ont exprimé "des regrets". Leurs avocats ont pointé "la déshérence sociale" des deux accusés au parcours chaotique qui a conduit à "une délinquance juvénile banale".
Zyed B., issu de l'aide sociale à l'enfance (ASE), a été condamné à de courtes peines pour trafic de stupéfiants.
Djiguiba D., arrivé à 14 ans de Côte d'Ivoire, a été condamné pour viol aggravé et a fait appel.
Mercredi, lors du premier jour du procès, la victime s'est dite "brisée". "J'aurais beau voir 1.001 psychologues ou psychiatres, ça me suivra toute ma vie".
Ce dernier était détenu dans un secteur réservé aux publics dits "vulnérables" où les détenus sont censés bénéficier d'une surveillance accrue car victimes de violences ou de menaces.
La maison d'arrêt de Villepinte est confrontée à une surpopulation structurelle. En mars 2017, sa directrice était allée jusqu'à refuser d'accueillir de nouveaux détenus: son établissement accueillait alors plus de 1.100 détenus, soit un taux d'occupation de plus de 200%. Il atteignait encore 163% au début du mois.
Le verdict sera rendu vendredi en début de soirée.
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