Ils ont troqué la voiture pour le tracteur afin de rejoindre leur village : prise en étau par la crue de la Charente et de la Seugne, la commune de Courcoury et ses 703 habitants s'est transformée en île, cernée par les inondations en Charente-Maritime.
"Il y en a qui prennent le bateau pour aller sur l'île d'Yeu ou sur l'île d'Aix. Nous, on prend le tracteur et la remorque pour aller de notre petit village à la ville", s'amuse Stéphane Richard, valises à la main, habitant de Courcoury depuis sept ans.
Dans la matinée, une petite dizaine d'habitants avaient patienté dans le village limitrophe de Courpignac pour embarquer sur la remorque du tracteur vert mis en place par la mairie de Courcoury.
"On est partis vendredi soir de Courcoury en sachant que l'eau allait monter, on ne savait pas trop comment ça allait s'organiser donc on a pris des précautions", raconte le commercial, niché sur la remorque du tracteur permettant de franchir le gué pour rejoindre son logement.
"Notre commune est totalement isolée", ajoute Eric Bigot, maire de Courcoury. "La principale préoccupation, c'est de sortir les personnes qui vont travailler en dehors de notre commune", précise le maire, soulignant "l'importante solidarité des habitants".
"Je fais mes livraisons en tracteur maintenant. C'est pas simple mais on n'a pas le choix", raconte avec philosophie Anne, traiteur, n'ayant pas d'autres choix pour travailler que d'emprunter la navette mise en place par la municipalité pour assurer la continuité de ses livraisons.
- "La nature reprend ses droits" -Avec un pic atteint à 6,20 m dans la commune voisine de Saintes, Courcoury s'est rapidement retrouvée isolée du reste du département, sans toutefois atteindre les records de 1994 (6,67 m) ni celui de la crue centennale de 1982 (6,84 m).
"On a seulement deux accès sur Courcoury, et quand l'eau monte, on redevient une île", explique Jean-Michel Mellier, adjoint au maire de la commune. "Il y a des millénaires, Courcoury était une île, la nature reprend ses droits", poursuit l'élu.
Face à la montée des eaux, 62 habitants ont dû être évacués depuis le début de la crue, laissant 17 habitations vacantes, entièrement prises en charge par la municipalité.
"On a surélevé des meubles, on a évacué tout ce qui était électroménager. Tout est stocké en salle des fêtes au sec", détaille l'adjoint au maire.
Séparées par la Seugne, un affluent de la Charente, les maisons ne se situent pourtant qu'à une centaine de mètres du tracteur, mais la crue a rendu l'accès inaccessible, pour le plus grand plaisir des oies venues se baigner au pied de leurs habitations.
Les habitants attendent désormais avec "impatience" la décrue de la Charente, prévue "dans les jours qui viennent".
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