"Super-papy" ou violeur aux propos salaces? Jugé aux assises du Var, un policier a nié avoir abusé des prévenues dont il avait la garde au tribunal de Toulon mais "où est le consentement quand on est dans une cage?" s'interroge l'accusation.
"Les geôles du tribunal, ce n'est pas un poulailler où il va piocher selon ses envies", tance l'avocat général, Bernard Marchal, également procureur de la République de Toulon.
"Il devait au contraire, en tant que chef le surveiller", insiste le magistrat qui avait traité la première plainte en 2018.
Accusé de viols aggravés et de harcèlement sexuel, le brigadier-chef aux cheveux grisonnants plaqués en arrière, Claude Mardi, rejette en bloc les faits face à ses accusatrices qui se sont succédé mardi à la barre. Tout juste concède-t-il avoir obtenu une fellation d'Angélique C., 39 ans.
La victime raconte comment, en échange de la possibilité de passer un appel téléphonique à sa famille, le policier l'a emmenée aux toilettes avant de lui intimer de s'exécuter dans des propos d'une grande vulgarité.
S'il admet la fellation, Claude Mardi, lunettes remontées sur le crâne, radié de la police depuis les faits, nie lui avoir adressé la parole dans les toilettes.
"Mais dites-vous toujours qu'elle vous a aguiché, que vous avez été manipulé, piégé ?", l'interroge le président de la cour. "Pas jusque-là", répond laconique l'accusé qui avait été affecté en 2008 au palais de justice de Toulon.
Une autre victime raconte que le policier lui a aussi fait du chantage alors qu'elle était dans les geôles du tribunal: "Si je t'emmène fumer, tu me suces?", lui aurait-il lancé selon elle.
Un transsexuel de nationalité brésilienne, absent des débats mais dont l'ADN avait été retrouvé dans les toilettes mêlé à celui du mis en cause, l'accuse également d'une fellation imposée, farouchement réfutée par M. Mardi.
Deux autres plaignantes, dénonçant des faits de harcèlement sexuel, s'étaient également manifestées après qu'une lettre-type a été adressée aux 190 femmes passées par les geôles du tribunal de Toulon entre 2014 et 2018.
Au total, sur cette période, Claude Mardi est poursuivi pour huit faits commis sur cinq personnes.
- "Jamais un geste déplacé" -A la barre, la psychologue qui l'a examiné relève "le déni" dans lequel s'enferme le fonctionnaire. "Monsieur n'a pas d'autre stratégie que celle de répéter inlassablement qu'il est innocent", pointe-t-elle.
Elle évoque une personne cherchant à "apitoyer" et voulant "minimiser" les faits en se victimisant. Son langage corporel, est "typique d'une attitude qui relève du mensonge", souligne-t-elle.
Les proches du policier sont venus mardi apporter leur soutien inconditionnel à l'ex-fonctionnaire qui avait débuté sa carrière en 1980 par admiration pour son père, policier municipal à Toulon.
"Il n'a jamais eu un mot ou un geste déplacé avec les femmes", plaide son épouse, qui vient le voir deux fois par semaine au parloir depuis son incarcération en juillet 2018.
"Je n'ai eu que de l'amour, je n'ai jamais eu à douter de sa fidélité, j'ai toujours été en confiance jusqu'à ce mois de juillet", ajoute-t-elle, demandant aux jurés de "ne pas laisser mourir" son mari en prison.
Sa belle-fille vante, elle, "un super-papa" et "un super-papy". "C'est pour ça qu'on l'a toujours soutenu, malgré tous les dommages collatéraux", glisse-t-elle à la cour.
Claude Mardi encourt vingt ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu mercredi.
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