Un évêque nicaraguayen, assiégé depuis trois jours par les forces de l'ordre dans son évêché et accusé d'"incitation à la haine", a dénoncé samedi un "emprisonnement à domicile".
"Ils nous ont dit que nous sommes en prison à domicile", a déclaré l'évêque Rolando Alvarez durant la messe qu'il a célébrée samedi depuis son évêché de Matagalpa (130 km au nord-est de Managua), retransmise sur les réseaux sociaux.
Des policiers anti-émeutes bloquent les accès à l'évêché, empêchant l'évêque de se rendre dans sa cathédrale à quelques rues de là pour y célébrer la messe.
Mgr Alvarez, assiégé depuis jeudi avec 12 autres personnes, prêtres et laïcs, est accusé par la police de tenter "d'organiser des groupes violents" et d'inciter à des "actes de haine" pour déstabiliser le gouvernement du président Daniel Ortega.
La police a annoncé vendredi avoir "ouvert une enquête afin de déterminer la responsabilité pénale des personnes impliquées dans ces agissements délictueux". "Les personnes soumises à l'enquête resteront à leur domicile", a encore précisé la police.
L'évêque de Matagalpa dénonce régulièrement la répression contre les opposants, exige le respect de la "liberté religieuse" et accuse le gouvernement de vouloir une "Eglise muette", réduite au silence sur les injustices.
"Sa soutane ne lui accorde pas l'impunité", a averti vendredi le député Wilfredo Navarro, du parti sandiniste de Daniel Ortega dans un article publié sur le site internet de la télévision publique Canal 4. Selon lui, l'évêque "a dirigé, avec d'autres curés, la tentative de coup d'Etat (contre Daniel Ortega) qui a provoqué tant de souffrance et de larmes au Nicaragua" en 2018.
Les relations entre l'Eglise catholique et le gouvernement de M. Ortega sont tendues depuis 2018 lorsque des manifestants qui réclamaient la démission du président nicaraguayen ont trouvé refuge dans des églises.
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