La justice rouvre l'enquête sur l'affaire Maria, une jeune femme victime de violences policières en marge d'une manifestation à Marseille en 2018, à la suite de nouvelles informations, a-t-on appris jeudi auprès de la procureure Dominique Laurens.
Il s'agit d'une information judiciaire pour "charges nouvelles", a précisé la procureure à l'AFP.
"Rien ne sera étouffé et les personnes qui doivent être auditionnées le seront", a-t-elle assuré au quotidien régional La Provence.
La jeune Maria (prénom d'emprunt), 19 ans au moment des faits, a été rouée de coups par un groupe de policiers, dans une ruelle de Marseille en marge d'une manifestation de "gilets jaunes" et d'une marche contre le logement insalubre auxquelles elle n'avait pas pris part et qui avaient été marquées par des incidents, en décembre 2018.
L'information judiciaire pour "violences volontaires aggravées et non assistance à personne en danger", s'était terminée par un non-lieu en décembre, mais un nouveau témoin direct est apparu depuis.
"C'est une nouvelle extraordinaire, pour Maria et pour la manifestation de la vérité", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la victime, Me Brice Grazzini.
Me Grazzini avait saisi le parquet mercredi en s'appuyant sur un nouveau témoin, un quadragénaire qui "se trouvait juste au-dessus" des lieux où la jeune femme a été violentée, dans son domicile, au moment des faits.
Ce nouveau témoin de la scène, après les sept déjà interrogés lors de l'instruction, assure notamment avoir "vu un CRS donner un coup de pied en pleine tête à la victime": "Si on me montre des photos, je pourrais peut-être reconnaître un des policiers coupables", déclare-t-il dans une lettre de l'avocat au parquet.
Dans son ordonnance de non-lieu que l'AFP a pu consulter, le juge d'instruction Karim Badène, de nouveau saisi de l'enquête, déplorait qu'il n'ait pas été "possible d'identifier les auteurs des violences", ajoutant toutefois que "sans l'ombre d'un doute ces individus étaient tous des fonctionnaires de police". Il jugeait aussi les violences dont a été victime Maria "d'autant plus inacceptables" qu'elles étaient "purement gratuites".
Victime, entre autres, d'une fracture crânienne et d'une hémorragie cérébrale, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 21 ans, n'a jamais retrouvé une vie normale. Migraines, cauchemars, insomnies, troubles de la vue: "Je survis, mais je n'y arrive plus", expliquait-elle en décembre à l'AFP.
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