Un ex-guérillero, ancien compagnon d'armes du nouveau président colombien Gustavo Petro, va prendre la tête des services de renseignements en Colombie, a-t-on appris lundi de source officielle.
Manuel Alberto Casanova a été nommé par décret présidentiel nouveau patron de la Direction nationale du renseignement (DNI), et devient le premier civil à occuper cette fonction stratégique au sein de l'appareil sécuritaire colombien.
Comme le nouveau président colombien, M. Casanova est un ancien membre du M-19, guérilla urbaine de gauche radicale lancée en 1974 et qui a signé en 1990 un accord de paix avec le gouvernement.
Après avoir déposé les armes, il avait pris la tête de la sécurité du parti Alliance démocratique M-19, issu du pacte de paix.
Quasi inconnu sur la scène publique, il était en charge au sein du M-19 d'espionnage et de financement, selon la presse locale.
Philosophe de formation, spécialisé en administration publique, il était récemment fonctionnaire au sein d'un organisme d'enseignement technique et employé d'une entreprise exportatrice de café, indique son profil Linkedln.
Créé en 2011 pour remplacer le DAS (le Département administratif de sécurité impliqué dans de nombreux scandales et accusé d'activités illégales), la DNI dépend directement du chef de l'Etat et chapeaute tous les services de renseignement.
"Casanova est une personne qui n'a aucune expérience dans la gestion du renseignement", a réagi sur une radio locale un député du parti du Centre démocratique (opposition de droite), José Vicente Carreño. Sa nomination est "démotivante pour les forces de sécurité", a-t-il jugé.
Pour la sénatrice pro-gouvernementale et militante des droits humains Gloria Florez, s'exprimant sur la même radio, cette nomination est un changement de "direction".
"Dans l'ancienne DAS, nous avons été victimes d'une persécution infâme, de montages (...) Ce que nous cherchons, c'est à donner une autre orientation aux services de renseignement de l'Etat", a déclaré Mme Florez.
Cette nomination au sein de l'appareil sécuritaire intervient après le renouvellement complet du commandement des armées et de la police dans la foulée de l'élection en juin de M. Petro, premier président de gauche de l'histoire du pays, et dont l'arrivée au pouvoir suscite la méfiance dans les casernes.
Disant vouloir rompre avec l'ancienne doctrine de "l'ennemi intérieur", M. Petro a fixé comme priorité aux forces de sécurité "la paix" et comme mission "la réduction de la violence, de la criminalité, et une augmentation substantielle du respect des droits de l'homme et des libertés publiques".
Avec ces nominations, le nouveau pouvoir de gauche a précipité le départ d'une trentaine de généraux de l'armée et de responsables de la police.
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