Une poignée de manifestants libanais ont tenté mercredi d'investir le ministère de l'Economie, dénonçant l'hyperinflation et l'érosion du pouvoir d'achat dans un pays en proie à une dépréciation monétaire sans précédent et en plein effondrement économique.
Une vingtaine de manifestants se sont rassemblés mercredi devant le ministère, dans le centre ville de Beyrouth, dénonçant une nouvelle flambée des prix due à la dégringolade monétaire, a rapporté une correspondante de l'AFP.
Certains d'entre eux "ont tenté de pénétrer dans le bâtiment, ce qui a provoqué des tensions avec les forces de sécurité", a indiqué l'agence nationale d'information ANI.
Le Liban, qui subit de plein fouet une crise économique aigüe depuis l'automne 2019, a connu mercredi un énième renchérissement du prix des carburants, après plusieurs semaines de hausses consécutives, sur fond de progression des cours du pétrole et de dépréciation monétaire.
La monnaie nationale a frôlé mardi sur le marché noir les 15.000 livres pour un dollar avant de repasser mercredi aux alentours de 14.000 livres pour un dollar. Le taux officiel est toujours fixé à 1.507 livres pour un dollar.
Par ailleurs, comme chaque mercredi, le représentant des distributeurs de carburants Fadi Abou Chacra a dévoilé à l'ANI une nouvelle liste du prix des carburants.
Le prix d'un bidon d'environ 20 litres d'essence 95 et 98 a bondi de plus de 4.000 livres en une seule semaine.
Depuis le 24 juillet, il a augmenté d'environ 50% pour atteindre désormais 38.900 livres pour le 95 et 40.000 livres pour le 98.
Avec la fonte des réserves en devises étrangères, les autorités sont contraintes de réduire les subventions, qui permettaient jusqu'ici de compenser le coût croissant des importations de carburants, de farine, de médicaments mais aussi d'un panier alimentaire d'environ 300 produits.
Le pays connaît une explosion du chômage et une paupérisation à grande échelle. Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU, tandis que les banques continuent d'imposer des restrictions draconiennes aux épargnants.
Malgré l'urgence, les responsables politiques, accusés d'incompétence et de corruption, semblent imperturbables après avoir survécu à un mouvement de contestation inédit fin 2019.
Cela fait plus de sept mois que le pays attend la formation d'un nouveau gouvernement, retardée par les marchandages interminables entre les principaux partis au pouvoir.
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