Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues du Puy-en-Velay mercredi en faveur d'un Malien de 19 ans menacé d'expulsion par la préfecture de la Haute-Loire, a-t-on appris auprès des organisateurs.
Environ 500 personnes ont défilé derrière une banderole où était notamment écrit "Il vit ici, il reste ici", portée notamment par l'enseignant Eric Durupt, principal soutien du jeune malien en situation irrégulière, et l'intéressé Madama Diawara, qui s'est récemment vu notifier par la préfecture un refus de titre de séjour et une prochaine obligation de quitter le territoire français.
Avec le soutien de Sud Éducation et le Réseau éducation sans frontières (RESF), le cortège comprenant des représentants de syndicats et d'organisations politiques pour la plupart de gauche, brandissaient des pancartes dont certains s'adressaient au préfet Éric Etienne: "Monsieur le préfet excusez-nous d'être humains", "Madama reste, le préfet dégage".
"La politique migratoire est d'une rare violence : celle de l'évaluation des êtres humains, de l'emprisonnement en centre de rétention et des expulsions. Nous vous demandons juste de laisser à Madama la possibilité de faire sa vie où il le veut, avec les gens qu'il veut", a déclaré M. Durupt à l'intention du préfet.
En grève de la faim depuis fin janvier, Eric Durupt, qui héberge le jeune homme depuis deux ans, s'était vu lundi interdire l'accès à la préfecture, où il souhaitait l'accompagner pour son entretien.
Dans un communiqué, le représentant de l'Etat avait justifié cette interdiction par les "propos indignes et révoltants à l'endroit de l'Etat et de ses représentants" tenus par M. Durupt et sa compagne. Dans un entretien publié sur le site internet d'un quotidien régional M. Durupt avait vu dans l'attitude des autorités le "racisme de l'Etat" vis à vis du jeune Malien.
Au cours de la manifestation, la compagne de M. Durupt Véronique de Marconnay a quant à elle évoqué un motif d'espoir : la réception la veille du Mali de nouveaux documents d'état-civil du jeune homme, dont les précédents avaient été qualifiés de "faux" par le préfet.
Christine Chevalier, porte-parole de RESF en Haute-Loire, a déclaré à l'AFP qu'elle demanderait jeudi "une entrevue au préfet pour lui montrer l'extrait de naissance en question et lui demander de convoquer Madama Diawara avec sa famille d'accueil".
Dans l'attente d'une nouvelle décision, M. Durupt a suspendu sa grève de la faim mercredi soir.
dm/ag/it