Il n'est "pas trop tard" pour l'instauration de la proportionnelle aux prochaines législatives, a insisté mercredi le député MoDem Jean-Louis Bourlanges, l'un des fers de lance de cette réforme du mode de scrutin.
"Toutes les modifications du mode de scrutin ont eu lieu dans les semaines ou les mois qui précèdent les scrutins", a affirmé le président de la commission des Affaires étrangères devant l'association des journalistes parlementaires, citant les exemples de Gaulle en 1946, Henri Queuille en 1951 ou François Mitterrand en 1985.
L'introduction d'une dose de proportionnelle figurait parmi les engagements de campagne d'Emmanuel Macron en 2017. C'est le cheval de bataille de son allié du MoDem François Bayrou, tandis que LREM et l'exécutif se montrent très prudents à ce sujet.
Malgré deux propositions de loi déposées par le Modem en février, la perspective d'une réforme du mode de scrutin semble s'éloigner avant les législatives de 2022, sauf coup de théâtre du gouvernement ou du groupe majoritaire.
M. Bourlanges avait relancé ce serpent de mer de la vie démocratique française dans une note révélée en août 2020 par le Canard Enchaîné.
"Ce n'est pas une question politicienne (...) Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans la situation où nous sommes", a insisté M. Bourlanges devant l'AJP.
"Un très grand parti, dont je n'approuve pas les orientations, est pratiquement banni d'une représentation significative à l'Assemblée nationale", a-t-il exposé en référence au RN. "La large majorité de l'Assemblée est composée de gens qui représentent 25% du corps électoral", a-t-il encore ajouté, ciblant le bloc centriste dont il fait partie.
"L'avantage donné à certains groupes par le scrutin majoritaire est devenu véritablement abusif et empêche la démocratie parlementaire de fonctionner", a-t-il encore souligné.
"Je ne crois pas que ça soit le mauvais moment" sauf à choisir un redécoupage général des circonscriptions. "Un scrutin qui passe par l'utilisation du scrutin de liste départementale, ça me parait tout à fait possible", a mis en avant M. Bourlanges.
Répondant aux arguments faisant de la proportionnelle un facteur d'instabilité politique, souvenir de la IVe République, M. Bourlanges a estimé que ce n'était pas ce mode de scrutin qui avait conduit à l'échec du précédent régime, mais l'absence de droit de dissolution donnée à l'exécutif: "les parlementaires pouvaient renverser le gouvernement sans la moindre sanction".
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