Allemands, Roumains, Italiens.. des centaines de soldats du feu européens se rassemblaient vendredi pour prêter main forte à leurs homologues français dans la lutte contre l'incendie toujours actif en Gironde et dans les Landes.
"Nous sommes prêts à partir sur le terrain", dit, en anglais, le colonel Cristian Buhaiànu, chef du détachement roumain de 77 hommes regroupés sous le soleil ardent d'Hostens, avec leurs uniformes à bretelles rouges, casquettes et camions floqués +pompierii+.
Le PC opérationnel, situé à quelques km de la reprise du feu de l'incendie de Landiras - 7.400 hectares brûlés depuis mardi - a pris vendredi des airs d'auberge espagnole.
Comme les Roumains, les Allemands sont déjà là, têtes de pont d'un contingent de 361 soldats du feu attendus jusqu'en fin de journée vendredi.
Certains sont là depuis mardi soir et ont pris leurs quartiers. Au petit matin, ils émergent doucement de leur campement, un ensemble de petites tentes grises qui abritent des lits de camp.
Tone Neuhalfel un pompier allemand de 36 ans est attablé avec sa brigade devant des assiettes bien garnies après une nuit agitée et courte au cours de laquelle son équipe n'a dormi que trois heures. Mais cela ne se devine guère sur les visages des pompiers.
"Ici, nous sommes tous volontaires. Nous sommes entraînés, nous voulons aider", confie Tone qui souligne avoir affronté un feu "très impressionnant" et incomparable à ceux qu'il a déjà vu en Allemagne.
Sur la D3, entre Hostens et Belin-Béliet, près de Saint-Magne où le feu a redémarré, les renforts germaniques venus de Bonn ou de Düsseldorf ont démarré tôt.
"Vous avez bien compris ce que l'on doit faire ?", lance en anglais le capitaine Thomas Mimiague à l'un des chefs du contingent allemand, tout de jaune vêtu. En réponse, de nombreux acquiescements de tête : "ja, ja".
Peu bavards, les pompiers allemands vont et viennent dans leurs uniformes noirs à bandes réfléchissantes, floqués, comme leurs différents véhicules, de l'inscription +Feuerwehr+.
- "Joindre nos forces" -"Peu importe de quel pays nous sommes, nous sommes pompiers et nous sommes là pour aider les gens à travers le monde", assure le colonel roumain.
Jusqu'à aujourd'hui, les brigades roumaines n'étaient jamais intervenues sur "de tels feux comme celui-ci", dit-il, "maintenant, nous allons ensemble partir en reconnaissance sur le terrain, puis nous établirons des tactiques de manoeuvres avec nos confrères".
Le contingent a été mobilisé après l'appel du gouvernement français, grâce au mécanisme de protection civile de l'Union européenne, créé en 2001. Il avait été sollicité notamment par la France durant la crise du Covid en 2021 pour le rapatriement de Français depuis l'étranger.
Sur la base aérienne de Mérignac, près de Bordeaux, ce sont également deux Canadair italiens et 2 autres grecs, avec 37 pilotes et techniciens, qui sont arrivés depuis la veille au soir. Certains d'entre eux ont immédiatement entamé leur mission en forêt des Landes de Gascogne.
"Nous sommes contents parce qu'on sait qu'on vous aide, les amis", dit le commandant grec Anastasis Sariouglou, 36 ans, qui effectue sa première mission en France, "joindre nos forces est un plus. On le voit chaque année en Grèce, on le voit maintenant en France", dit-il en arrivant à Mérignac.
Claire Kowaleski, colonelle de la sécurité civile en poste à la commission européenne et coordinatrice des renforts, rappelle que la France se déploie très fréquemment à l'étranger avec ce mécanisme.
"Nous avons des moyens à Bordeaux mais également en Bretagne", où la région subit aussi les assauts des flammes, ajoute-t-elle.
Heureusement la gestion des vols de Canadair est peu différente, souligne-t-elle. "La situation est assez facile car nous avons le même type de moyens aériens. Que l'on parle d'un Canadair grec, italien ou français, ils volent tous à la même vitesse, ils ont tous les mêmes procédures", de ce fait, "en vol, la coordination se fait de façon assez facile", précise la colonelle.
Grâce à ses renforts européens on peut aussi "relâcher la pression sur les moyens français positionnés ici et les envoyer dans le Jura comme hier", ajoute-t-elle.
Dans la journée, sont encore attendus les Polonais et les Autrichiens.
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