Quelle stratégie, quelles alliances, quelles lignes rouges et quelles têtes de listes? La majorité tente de peaufiner sa ligne pour les élections régionales prévues a priori fin juin, avec de maigres espoirs de conquête mais de nombreux risques politiques.
Un problème nommé Xavier Bertrand: dans les Hauts-de-France, le président sortant, réputé favori, a fait de sa réélection à la tête de la région une condition autant qu'un tremplin à une candidature à la présidentielle de 2022 face à Emmanuel Macron.
La République en marche s'est donc résolue à monter une liste mais hésite toujours sur sa locomotive: si les pontes de la majorité penchent pour le secrétaire d'Etat chargé des retraites Laurent Pietraszewski, il est contesté en interne par le député Christophe Di Pompeo.
Reste à déterminer la stratégie de l'entre-deux-tours, face à Xavier Bertrand mais également à un risque de victoire du Rassemblement national.
Le patron du parti, Stanislas Guerini, a toujours plaidé pour un barrage absolu au RN. Quitte à se retirer? "Plutôt l'obliger à fusionner avec notre liste, pour enfermer Bertrand dans ses contradictions", souffle un marcheur de la première heure, d'autant que le MoDem siège aujourd'hui dans la majorité régionale.
La situation est similaire en Île-de-France où la sortante Valérie Pécresse est, elle-aussi, candidate putative à la présidentielle.
Dès lors, pour le premier tour, Jean-Michel Blanquer "sera tête de liste... à condition qu'il ait envie d'y aller", se désespère un cadre de LREM qui note que le ministre de l'Education nationale "redoute d'avoir une étiquette de perdant en cas de score vraiment mauvais". L'hypothèse d'une fusion avec Mme Pécresse pour le second tour est là-encore l'hypothèse privilégiée.
- Affronter ou soutenir ? - Des candidats de la majorité présidentielle au premier tour dans toutes les régions? Rien n'est moins sûr en Provence-Alpes-Côte-d'Azur où l'hypothèse d'un soutien au sortant LR Renaud Muselier "tient toujours la route", soupire un historique de LREM, issu de la gauche. "Ca dépend à quel point on est capable de s'auto-flageller", poursuit cette même source, alors que M. Muselier a multiplié les piques contre le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire.
En revanche, l'idée de soutenir le sortant LR Jean Rottner dans le Grand Est dès le premier tour a fait long feu, tant sa sortie sur le "scandale d'Etat", à propos des débuts poussifs de la campagne de vaccination, a irrité la majorité. La secrétaire d'Etat Bérangère Abba est désormais la mieux placée pour conduire une liste macroniste.
Si en Normandie LREM reste dans le brouillard, la situation se décante en Occitanie: Vincent Terrail-Novès, le maire (ex-LR) de Balma, dans la banlieue de Toulouse, est pressenti pour mener la bataille.
- Peu de ministres - Pressés par le chef de l'Etat de se lancer dans la course, peu de membres du gouvernement devraient finalement être têtes de listes régionales.
Les exceptions viennent du MoDem: le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau doit conduire la liste en Centre-Val-de-Loire, tandis que sa collègue Geneviève Darrieussecq (Anciens combattants) s'est imposée pour prendre la tête en Nouvelle Aquitaine.
En revanche, en Auvergne-Rhône-Alpes, ni Olivier Véran (Santé), ni Olivier Dussopt (Budget) ne conduiront de listes régionales. Si la députée Olga Givernet est sur les rangs, c'est surtout le nom de sa collègue Célia de Lavergne qui revient chez les marcheurs pour tenter d'affronter le sortant LR Laurent Wauquiez d'une part et l'ex-ministre PS Najat Vallaud-Belkacem d'autre part, probable candidate de la gauche.
En Bretagne, après que le successeur de Jean-Yves Le Drian à la tête de la région Loïg Chesnais-Girard a indiqué ne pas soutenir Emmanuel Macron, les marcheurs ont tourné leur regard vers le vice-président du Conseil régional Thierry Burlot pour représenter la majorité présidentielle.
Dans les Pays-de-la-Loire, c'est l'ex-ministre François de Rugy qui doit porter les couleurs macronistes.
Après les ratés des municipales où des partenaires de la majorité sont partis en ordre dispersés, la macronie doit encore trancher en Bourgogne-Franche-Comté où le maire de Nevers LREM, Denis Thuriot, dispute l'investiture à son homologue de Vesoul Alain Chrétien, membre fondateur du parti de centre droit Agir.
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