Des salariés du site ex-Bombardier de Crespin (Nord) étaient en grève mercredi et bloquaient les entrées et sorties de camions, réclamant notamment un "accord de méthode" offrant des "garanties" sur le maintien des acquis sociaux, après le rachat de l'entreprise par Alstom.
Le constructeur ferroviaire français Alstom a bouclé le rachat, fin janvier, de son concurrent Bombardier, acquérant ainsi l'usine de Crespin, plus grosse usine ferroviaire du pays qui compte environ 2.000 employés.
"Concernant le transfert des salariés de Bombardier vers Alstom, (...) nous sommes totalement dans le flou": "nous n'avons aucune garantie" sur le maintien des acquis sociaux et des emplois, ni "aucun calendrier" précis, a regretté auprès de l'AFP Karim Khatabi, porte-parole de l'intersyndicale Sud-CGT-CFDT qui a appelé à la grève. Seule la CFE-CGC n'a pas appelé à la grève.
"Très inquiets", quelque 400 salariés selon M. Khatabi se sont rassemblés mercredi matin sur le site, pour réclamer "la négociation d'un accord de méthode" sur ce transfert et les futures conditions de travail.
Ils ont ensuite "bloqué les entrées et sorties des camions", et donc l'approvisionnement de l'usine, et entendaient poursuivre le mouvement "une grande partie de la journée", puis "au moins une fois par semaine, dans la durée", a-t-il dit.
Les salariés s'interrogent "sur la pérennité du site de Crespin", alors qu'Alstom a récemment retiré l'offre faite l'an dernier par Bombardier et l'espagnol CAF, concernant la fabrication de 146 nouvelles rames de RER B pour la SNCF et la RATP.
Ils exigent par ailleurs "la réouverture d'un accord d'intéressement digne de leurs efforts", après avoir perdu plusieurs centaines d'euros cette année, et des "informations fiables et documentées" sur les comptes de l'usine, estimant avoir été "la vache à lait d'un groupe à l'agonie".
"La direction nous dit qu'on ne gagne pas d'argent" mais des experts sollicités par les syndicats "estiment que c'est faux", et "nous voulons des réponses claires", a poursuivi M. Khatabi, craignant que la direction "n'utilise la situation financière comme un alibi", pour revoir les avantages sociaux à la baisse.
"Moins de 10% des employés" du site se sont mis en grève selon la direction, qui souligne avoir "proposé un budget global d'augmentation des salaires de 1%, compte tenu notamment de la situation économique et financière de la société en 2020 et face à notre objectif primordial d'améliorer notre rentabilité".
Dans un mail à l'AFP, la direction met par ailleurs en avant l'évolution des effectifs de l'usine, passés de 1.480 salariés en juillet 2020 à 1.758 salariés mi-mars, grâce notamment à l'embauche en CDI de 200 intérimaires en septembre 2020 et de 133 cadres et agents de maîtrise.
"D'autres contrats d'intérimaires pourraient être transformés en contrats à durée indéterminée dans le courant de l'année 2021, en fonction de la charge de travail", envisage-t-elle.
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