Le Premier ministre Jean Castex a souhaité vendredi lors d'une visite à Marmande (Lot-et-Garonne) que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré "dans les meilleurs délais" dans les zones inondées du grand sud-ouest, où la décrue se poursuit partout sauf sur la Charente.
Des inondations d'une ampleur inégalée depuis 40 ans ont touché le secteur de la Garonne marmandaise mais la situation exceptionnelle qui avait justifié un placement en vigilance rouge pendant 24 heures s'est considérablement améliorée vendredi.
La cote de la Garonne, montée à 10,20 m dans la nuit de mercredi à jeudi, un niveau proche de celui de 1981 (10,56 m), a rapidement baissé (6,42 m vendredi à 20h30).
A Marmande, où il a "voulu manifester (s)a solidarité et la solidarité de l'État" envers les sinistrés, les élus locaux et les pompiers, Jean Castex a effectué un survol en hélicoptère des terres inondées et constaté les dégâts chez des habitants.
"Ca sortait par les plinthes, les portes. A un moment on a laissé tomber, ça ne servait plus à rien" d'éponger, lui a dit M. Martin qui a mesuré 30 cm d'eau chez lui. "Il y a des pauvres gens qui sont vraiment dans la misère. C'est surtout à eux qu'il faut penser".
"Chaque situation est différente, certains peuvent se reloger d'autres pas. Il faut prendre en considération chaque cas", a observé en retour M. Castex.
"J'espère que vous serez bien indemnisés", a aussi lancé le Premier ministre à un sinistré, Léo Marié, qui lui a répondu: "J'espère aussi, c'est pour ça qu'on les paye les assureurs".
Chez une dame où il subsistait encore un mètre de boue, Jean Castex a assuré que l'état de "catastrophe naturelle" serait "bien sûr" déclaré. "Et s'il vous plaît, pas de confinement", a-t-elle imploré.
Pour le maire PS de Marmande Joël Hocquelet, beaucoup d'habitants "devront prendre le bateau pour sortir de chez eux" car "beaucoup de maisons restent inaccessibles, et des routes ne sont pas encore praticables".
- Prison évacuée -Dans cette agglomération de 30.000 habitants, l'heure était aux premiers nettoyages et aux questions sur la rapidité et l'ampleur du phénomène. "Il y a un manque d'évacuation de certains cours d'eau qui ne sont pas entretenus", a déploré René Da Ros, 78 ans, habitant sinistré.
"Quand (la Garonne) sortait (de son lit), elle venait juste effleurer ici (mon) portail, mais elle n'est jamais rentrée comme ça, jamais!", a assuré Martine, devant sa maison.
Selon la préfecture, une vingtaine de routes sont encore coupées en Lot-et-Garonne et six écoles toujours fermées. La montée des eaux a entraîné quelque 360 évacuations, gérées par les communes et pompiers.
Ces derniers ont effectué depuis le week-end dernier plus de 350 interventions liées à l'événement météorologique "Justine" et aux crues qui l'ont suivi.
En aval sur la Garonne, la décrue semblait plus lente à La Réole et Langon (Gironde), également touchés par des montées d'eau jamais vues depuis 1981.
Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Charente et Charente-Maritime restent placés en vigilance orange crues.
Dans ces deux derniers départements, la Charente continue de monter, notamment entre Angoulême et Saintes où l'eau s'est invitée dans les maisons et où les 92 détenus de la maison d'arrêt de Saintes ont été transférés vers des établissements de Nouvelle-Aquitaine "afin d'anticiper d'éventuelles difficultés d'accès" à la prison, selon la préfecture de Charente-Maritime.
Dans ce secteur, une perturbation "devrait s'accentuer et se généraliser" samedi "avec des cumuls parfois conséquents" et des niveaux qui "vont rester élevés" sur la Charente, selon Vigicrues. A Jarnac et Cognac (Charente), le fleuve devrait respectivement atteindre la cote d'environ 12,50 m et 7,5 m, vendredi à 22H00, non loin de la grande crue de 1994 (respectivement 12,65 m et 8,04 m).
D'après la préfecture de la Charente, les inondations ont entraîné des problèmes sur les systèmes de captation d'eau dans plusieurs communes, empêchant la distribution d'eau potable par le réseau à environ 2.200 foyers.
pab-elm-leo-bpe-nal/