Les partis de gauche et écologistes cherchent la formule gagnante pour les régionales de juin prochain, conscients que des unions comme en Hauts-de-France pourraient faciliter des victoires essentielles en vue de 2022, mais avides chacun de mener la danse.
Les socialistes, seuls à gauche à diriger des régions (Nouvelle Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, Occitanie, Bretagne), veulent étendre leurs gains, les Verts confirmer leur dynamique des précédentes élections, les Insoumis aiguiller les rassemblements vers la radicalité. Avec, tous, la même arrière-pensée: être le parti autour duquel se focalisera la dynamique de rassemblement à la présidentielle.
Quant au PCF, à la tête d'un unique exécutif départemental, celui du Val-de-Marne, il cherche les meilleures alliances possibles pour conserver ses conseillers régionaux et départementaux, au sein de listes d'union.
Dans les Hauts-de-France, une des régions les plus emblématiques pour la gauche car elle s'y était retirée en 2015 au profit de la droite pour "faire barrage" au RN, PCF, PS, LFI, EELV et Générations ont coupé court aux longues palabres pour s'unir au sein d'une liste conduite par la députée européenne écologiste Karima Delli.
Les discussions se sont paradoxalement dénouées à la faveur de la rivalité entre insoumis et communistes, exacerbée par les ambitions présidentielles de leurs chefs respectifs, Jean-Luc Mélenchon pour LFI, déjà candidat, et Fabien Roussel pour le PCF, candidat à la candidature en attendant la décision de ses militants le 9 mai.
Disant à l'AFP avoir été snobée dans les tractations locales par le PCF, LFI a conclu un partenariat surprise avec les Verts, rendant caduques les discussions entre communistes et socialistes pour une candidature régionale de Fabien Roussel qui aurait fonctionné comme vitrine nationale.
Peu avant l'accord, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, avait exhorté rouges, roses et verts à sceller des accords dès le premier tour des régionales, se disant "en colère" contre ceux qui "jouent à cache-cache".
Cet accord n'aura pas forcément un "effet domino" immédiat mais son aspect "symbolique" pourrait envoyer un signal décisif en vue de la présidentielle, analyse Bruno Cautrès, politologue au Cevipof, interrogé par l'AFP.
- "Ca bouge chaque semaine" -Pour les Verts, qui estiment leur tour venu, cet accord est une aubaine. "On a une stratégie qui ressemble à ce qui a été fait aux municipales: porter des programmes franchement écolo, et non pas, comme dans le passé dans nos alliances avec le PS, arracher quelques mesures intéressantes", résume Hélène Hardy, responsable chez EELV des élections et des relations avec les autres partis.
"Ce n'est pas qu'on veuille tirer la couverture à nous mais on dit +Il y a une ligne non négociable à laquelle vous adhérez ou pas+. De fait, le vote écolo a fortement grandi alors qu'il s'est rabougri à gauche", explique-t-elle.
Selon elle, "il faut distinguer les cinq régions socialistes et les autres. On ne peut pas se rallier par exemple aux socialistes en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne, dont les présidents sont pour l'agriculture intensive!". Mais "les alliances se font dans les territoires où la droite et l'extrême droite menacent de gagner", note-t-elle.
"La stratégie autonomiste d'EELV est un non-sens. Elle peut fragiliser et effacer toute la gauche d'une région (...), ça nous affaiblirait en vue de 2022", met en garde Pierre Jouvet, porte-parole du PS et secrétaire national aux élections. Selon lui, le "risque RN" existe non seulement dans les Hauts-de-France et en PACA mais aussi "en Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Centre-Val-de-Loire".
De listes d'union partielle ou complète dès le premier tour, au vu des déclarations des uns et des autres, sont a priori possibles, en plus des Hauts-de-France, dans le Grand Est, en PACA et en Auvergne-Rhône-Alpes. En revanche, gauche et écologistes partiront sauf surprise désunis en Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Bretagne ou encore Centre-Val-de-Loire.
Tous s'accordent à dire que la période occasionne des jeux d'alliance particulièrement mouvants. "On y verra plus clair la semaine prochaine", assure-t-on au PCF et au PS, tandis que chez EELV, on observe que "cela bouge chaque semaine".
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