Alors que le parti de droite libérale du Premier ministre Mark Rutte semble avoir remporté les élections législatives ce mercredi, les progressistes ont créé la surprise en devenant la deuxième force à la place de l'extrême droite.
Le scrutin a également entraîné une fragmentation sans précédent du Parlement. Un record de 17 partis devraient remporter des sièges à la chambre basse, avec quelques changements importants et de nouveaux visages faisant leur entrée dans l'hémicycle.
- Les progressistes, invités surprise -
La grande surprise a été le triomphe électoral du D66 pro-UE de centre gauche, désormais en première position pour l'obtention d'un rôle clé au sein du prochain gouvernement de M. Rutte.
Même les dirigeants du parti semblaient surpris: à l'annonce des résultats, sa tête de liste, l'ancienne diplomate Sigrid Kaag, a dansé sur une table.
Le D66 a obtenu 23 sièges, ce qui en fait le deuxième plus grand parti au Parlement, selon le dernier décompte.
La formation pourrait participer à un certain virage vers la gauche de la prochaine coalition, et pourrait tempérer la fermeté de M. Rutte sur l'aide financière aux pays du sud de l'UE - une position critiquée par Mme Kaag lors des débats électoraux.
"Kaag a donné un nouveau style au parti", a déclaré à l'AFP Koen Damhuis, un politologue de l'Université d'Utrecht.
- L'extrême droite rétrogradée -
Le leader anti-islam d'extrême droite Geert Wilders a vu son Parti pour la liberté (PVV) perdre sa place de deuxième plus grand parti, se retrouvant à la troisième place avec 17 sièges.
M. Wilders avait lui-même admis à l'AFP que son parti pouvait perdre du terrain alors que la gestion de la pandémie dominait le vote.
Mais le PVV reste une formation importante, M. Rutte qualifiant mercredi ces résultats de "toujours très réussis".
M. Damhuis affirme aussi qu'il "aurait du mal à croire", en cas par exemple de nouvelle crise des migrants, si la popularité de M. Wilders "n'augmentait pas à nouveau".
- Les populistes montent -
Le parti populiste Forum pour la démocratie (FVD) devrait constituer une opposition non négligeable au sein du nouveau Parlement, la formation de Thierry Baudet ayant quadruplé son nombre de députés, parvenant à huit sièges.
De nombreux sondeurs avaient cessé de prendre au sérieux le parti après son implosion à la fin de l'année dernière, en raison d'accusations de racisme et d'antisémitisme, M. Baudet ayant démissionné avant d'effectuer un retour.
Celui-ci adhère, depuis plusieurs mois, à des thèses coronasceptiques, et semble avoir séduit une partie des Néerlandais anti-vaccins et anti-mesures sanitaires.
M. Wilders n'a de son côté montré aucun intérêt à travailler avec Thierry Baudet, ce qui signifie que l'extrême droite restera fragmentée.
"Pendant les quatre prochaines années, ils seront dans l'opposition, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne joueront aucun rôle", prévoit M. Damhuis.
- Laissés derrière -
L'effondrement des partis traditionnels de gauche s'est poursuivi à un rythme soutenu aux Pays-Bas. Le parti travailliste reste bloqué sur les neuf sièges qu'il détenait en 2017.
L'écologiste Jesse Klaver a quant à lui vu son parti GroenLinks chuter à huit sièges, contre les 14 remportés en 2017, alors qu'ils étaient considérés comme une nouvelle aube pour les partis progressistes.
L'un ou l'autre pourrait cependant se retrouver dans la prochaine coalition de M. Rutte si le D66 fait pression pour un autre parti de centre-gauche.
- Nouveaux visages -
Une série de nouveaux partis devraient faire leurs débuts parlementaires, grâce à ce que M. Damhuis appelle "l'un des systèmes électoraux les plus ouverts au monde".
Le parti fédéraliste européen Volt est sur le point de remporter ses trois premiers sièges grâce à une vigoureuse campagne sur les réseaux sociaux.
La militante antiraciste et ancienne présentatrice de télévision Sylvana Simons a également remporté un siège après plusieurs tentatives, avec son parti BIJ1.
Le BoerBurgerBeweging (mouvement agriculteur-citoyen) a lui aussi obtenu un siège, après plusieurs manifestations d'agriculteurs contre des mesures climatiques.
"Cela correspond à une sorte de fragmentation de la société qui se reflète au niveau politique", observe M. Damhuis.
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