La Russie et l'Ukraine se renvoyaient mutuellement lundi la responsabilité des derniers bombardements autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, dans le sud ukrainien, qualifiés de "suicidaires" par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Voici un point de la situation au 166e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- Risque nucléaire dans le sud -La Russie, qui contrôle la centrale de Zaporijjia depuis mars, a affirmé que la dernière frappe, dans la nuit de samedi à dimanche, avait endommagé une ligne à haute tension fournissant de l'électricité à deux régions ukrainiennes.
Ce bombardement "par les forces armées ukrainiennes" est "potentiellement extrêmement dangereux" et "pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour une vaste zone, y compris pour le territoire européen", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le directeur de l'agence nucléaire ukrainienne Energoatom, Petro Kotine, a appelé à la création d'une "zone démilitarisée" sur le site, estimant que la présence des forces russes "crée le plus grand danger pour l'avenir, un accident impliquant des radiations ou même une catastrophe nucléaire".
La centrale est occupée par "environ 500 soldats et 50 véhicules lourds, des tanks et des camions", a-t-il affirmé.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait incriminé dimanche soir la Russie dans le bombardement de la centrale nucléaire, la qualifiant d'"Etat terroriste".
Plus au sud, dans la même région, des systèmes de missiles Himars fournis par les Etats-Unis à l'Ukraine, d'une portée de 80 kilomètres, ont touché les forces russes à Melitopol, selon le maire ukrainien de la ville, Ivan Fedorov. "La semaine dernière, la majeure partie de la défense aérienne des occupants a été transférée de Melitopol à Kherson", plus à l'ouest, a indiqué le maire.
Dans cette région de Kherson, première ville d'importance tombée aux mains des Russes le 3 mars, l'armée ukrainienne a annoncé avoir de nouveau visé dimanche le stratégique pont Antonivski.
Ce pont stratégique, le seul reliant la ville à la rive sud du Dniepr et au reste de la région, avait déjà été partiellement détruit le 27 juillet, forçant l'armée russe à modifier ses lignes de ravitaillement. Des pontons mobiles auraient notamment été installés.
"Les Ukrainiens ont fait la nuit dernière exactement ce qui était attendu après que les Russes ont expédié des renforts à Kherson. Ils ont de nouveau attaqué les quelques ponts vitaux nécessaires pour ravitailler ces troupes", a expliqué sur Twitter Phillips O'Brien, professeur d'études stratégiques à l'université britannique de Saint Andrews.
A propos de la lente contre-offensive ukrainienne dans cette région, "elle ne doit pas être envisagée comme une offensive à la manière moderne d'armes combinées" mais comme "une forme de guerre d'usure accélérée", dans une zone où il est plus facile aux forces ukrainiennes d'atteindre des cibles russes sans risquer de lourdes pertes, estime-t-il.
- La Russie piétine dans l'est -A Donetsk, une des deux régions du bassin houiller du Donbass, où se concentrent les efforts russes, et dont le président ukrainien a ordonné le 30 juillet l'évacuation de la population, l'état-major ukrainien a affirmé dimanche avoir repoussé un assaut près de Virnopillia et fait état de plusieurs replis russes, notamment près des villes de Sloviansk, Bakhmout et Avdiïvka.
"La zone d'engagement dans le Donbass semble avoir diminué significativement au cours des deux dernières semaines. L'extrémité nord du saillant du Donbass (Siversk-Sloviansk) semble devenue très calme", observait dimanche Phillips O'Brien. "Ce qu'il reste d'action offensive russe est concentré sur Bakhmout et une poussée à partir de la ville de Donetsk", précisait-il.
Le ministère britannique de la Défense estime de son côté que "la Russie est très probablement en train de poser des mines antipersonnel pour protéger et réduire la liberté de mouvement le long de ses lignes défensives dans le Donbass".
Et prévient que "ces mines sont susceptibles de causer des pertes à grande échelle à la fois au sein de l'armée et de la population civile".
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