Le président Emmanuel Macron a entrouvert jeudi la voie d'accès à des prestigieuses écoles françaises de l'administration, comme l'ENA qui forme les hauts fonctionnaires, à des jeunes d'origine modeste afin que plus "aucun gamin dans notre République se dise: 'ce n'est pas pour moi'".
La diversité dans la fonction publique est l'un des piliers de l'agenda en faveur de "l'égalité des chances" que le chef de l'Etat cherche à promouvoir en profitant des rares espaces laissés dans le débat public par la crise du Covid-19.
En échangeant avec une dizaine d'élèves à Nantes (ouest), Emmanuel Macron a dressé un constat sombre de "l'ascenseur social" français, qui "fonctionne moins bien qu'il y a 50 ans" car la mobilité "est très faible".
Parfois issus de la campagne ou de cités, les élèves ont témoigné des obstacles qu'ils ont surmontés, entre méconnaissance des concours de la fonction publique et une forme "d'auto-censure". "Je ne veux pas passer l'ENA, j'ai un peu le syndrome de l'imposteur, j'ai peur de ne pas avoir les codes", s'est ainsi excusé l'un d'eux, qui a commencé sans le bac.
"Je n'ai pas eu le bac" mais "je suis membre du gouvernement", l'a rassuré Sarah El Haïri, la secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, qui accompagnait Emmanuel Macron.
Pour Lilian Cailleau, 23 ans, qui a grandi dans une famille d'agriculteurs, "les métiers de la fonction publique sont méconnus quand on est originaire d'une zone rurale".
Fabrique des élites françaises, l'ENA a formé quatre des six derniers chefs de l'Etat (Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing) mais aussi nombre de ministres et de dirigeants des grands groupes français.
Véritable institution, elle favorise cependant l'entre-soi d'une classe dirigeante déconnectée du peuple, assurent ses détracteurs.
Emmanuel Macron avait même décidé dans un premier temps de la supprimer lors de la crise des "gilets jaunes". Il
Il a finalement choisi de conserver ce prestigieux établissement dont il est lui-même issu, mais d'y favoriser davantage de diversité.
Face aux élèves, Emmanuel Macron a ainsi annoncé la mise en place d'une nouvelle voie "Talents", réservée à des jeunes d'origines modestes ou des quartiers défavorisés, qui disposeront de quelques places à l'ENA, fabrique des élites françaises, et dans quatre autres écoles de hauts fonctionnaires.
Il s'agit de créer 1.000 places dans des classes préparatoires qui préparent aux concours des grandes écoles de la fonction publique.
Les élèves de ces "Prépas Talents" recevront une allocation de 4.000 euros par an.
Il pourra ainsi y avoir à l'ENA chaque année, six admis venant des "Prépas Talents", sur des promotions annuelles d'environ 80.
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