Le président Jair Bolsonaro a lancé le premier mardi la campagne officielle de la présidentielle d'octobre au Brésil en choisissant, comme l'autre favori, l'ex-président Lula, un endroit qui a profondément marqué sa carrière politique : celui où il a frôlé la mort en 2018.
Jair Bolsonaro était à la mi-journée dans le Minas Gerais (sud-est), à Juiz de Fora "la ville où je suis né à nouveau", a-t-il dit en introduction de son discours.
L'ancien capitaine de l'armée, 67 ans, a poussé la symbolique jusque dans le moindre détails en se hissant sur une estrade installée sur le même carrefour où il avait été poignardé par un déséquilibré.
Vêtu d'une veste noire boutonnée jusqu'au cou dissimulant les formes d'un gilet pare-balle, Jair Bolsonaro a égrené un discours chargé de déclarations patriotiques et d'allusions à Dieu et à la Bible.
Il a réitéré sa promesse de lutter contre l'inflation à deux chiffres, l'avortement, la drogue et de défendre la "propriété privée", brandissant la menace "communiste" au Brésil s'il perd les élections en octobre contre son rival Lula.
"Mito, mito, mito" (mythe, ndlr), ont scandé les partisans du leader d'extrême droite rassemblés autour du slogan "Dieu, patrie, famille et liberté", dont plusieurs étaient vêtus de T-shirts aux couleurs du Brésil.
Jair Bolsonaro a ensuite invité "la personne la plus importante ici" à s'exprimer : la Première dame, une évangélique fervente ovationnée autant, voire plus, que son époux. Michelle Bolsonaro a invité l'assistance à fermer les yeux et à réciter le "Notre père".
"Il s'agit de notre avenir, (...) l'avenir de la famille, de la patrie, la plupart des gens qui sont ici sont fidèles à Dieu", a dit à l'AFP Marcio Bargiona, un ancien policier de 55 ans.
"Le nettoyage a commencé il y a quatre ans, je veux qu'il continue, je veux que la gauche soit extirpée du pays", a pour sa part déclaré Jaqueline Lopes, une enseignante de Rio de Janeiro de 50 ans.
- Symbolisme -Favori des sondages, Luiz Inacio Lula da Silva, 76 ans, fera lui aussi une entrée en campagne emplie de symbolisme : une usine automobile dans son fief de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo (sud-est), zone industrielle où il a été tourneur-fraiseur, avant de devenir leader syndical.
"Lula s'y est toujours rendu lors des moments marquants de sa carrière politique, pour renforcer son image de représentant des travailleurs", dit à l'AFP Adriano Laureno, analyste politique du cabinet de consultants Prospectiva.
"Quant à Bolsonaro, il veut se présenter comme un 'élu de Dieu' qui a survécu à l'attentat" de 2018, poursuit ce spécialiste, pour qui cette élection est "la plus polarisée depuis la redémocratisation" après la dictature militaire (1964-1985).
Les deux favoris sillonnent déjà le pays depuis plusieurs semaines pour aller au contact des électeurs, mais la campagne officielle, avec meetings et distribution de tracts, n'est autorisée qu'à partir de ce mardi.
Les spots télévisés ne seront diffusés qu'à partir du 26 août.
Ce mardi sera également marqué en début de soirée par l'intronisation du juge Alexandre de Moraes à la présidence du Tribunal Supérieur électoral (TSE).
Ce magistrat de la Cour suprême est une des bêtes noires du président Bolsonaro, contre lequel il a ordonné l'ouverture d'une enquête pour diffusion de fausses informations sur le système électoral.
Le chef de l'Etat n'a cessé de remettre en cause la fiabilité des urnes électroniques utilisées dans le pays depuis 1996, évoquant des "fraudes" sans jamais apporter de preuves. Des attaques qui font redouter qu'il ne reconnaisse pas le résultat du scrutin en cas de défaite.
Lula et Bolsonaro ont tous deux été invités à l'investiture du juge Moraes et pourraient donc terminer cette première journée officielle de campagne ensemble au siège du TSE, à Brasilia.
Lundi soir, un sondage de l'institut Ipec donnait une avantage confortable à l'ex-président de gauche, avec 44% des intentions de vote au premier tour, contre 32% pour le chef de l'Etat actuel.
L'écart se resserre cependant. Fin juillet, une enquête d'opinion de l'autre institut de référence, Datafolha, faisait état d'un écart de plus important : 47% pour Lula, 29% pour Bolsonaro.
Le chef de l'Etat compte refaire son retard grâce aux aides sociales approuvées récemment par le Parlement lors d'un amendement à la Constitution controversé qui autorise exceptionnellement de nouvelles dépenses durant la période électorale.
La principale préoccupation des Brésiliens, selon les sondages, est la situation économique, marquée ces dernières années par des niveaux élevés de chômage et d'inflation, qui ont sapé la popularité de Bolsonaro.
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