La Russie a affirmé mercredi avoir détruit dans l'ouest de l'Ukraine un dépôt d'armes occidentales, vitales pour Kiev, au moment où le navire transportant les premières exportations de céréales depuis le début de l'invasion franchissait les contrôles internationaux en Turquie.
Voici un point de la situation au 161e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
- Frappes russes dans l'Ouest -"Des missiles russes de haute précision" ont détruit près de Radekhiv, dans la région de Lviv, un "dépôt d'armes et de munitions étrangères qui ont été livrées au régime de Kiev depuis la Pologne" voisine, a déclaré l'armée russe, sans autre indication.
La veille, l'Armée de l'air ukrainienne avait fait état de huit missiles de croisière russes tirés à partir de la mer Caspienne dont l'un "a atteint un complexe de défense antiaérienne dans la région de Lviv", les sept autres ayant interceptés, selon elle.
Les livraisons d'armes, en particulier d'artillerie de précision, sont essentielles pour permettre à l'Ukraine de contrebalancer la supériorité numérique russe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi remercié son homologue américain Joe Biden dans son allocution quotidienne mardi soir pour la fourniture de systèmes Himars, très mobiles, tirant des missiles guidés par GPS d'une portée de 80 kilomètres.
"Le mot +Himars+ est presque devenu un synonyme du mot +justice+ pour notre pays", a-t-il assuré.
- Poussée russe dans l'Est -Pour autant, la suprématie russe en artillerie et en effectifs reste patente en particulier dans les combats qui font rage à Donetsk, une des deux régions du bassin du Donbass, a reconnu M. Zelensky : "A Pisky, Avdiïvka, et ailleurs. C'est l'enfer là-bas".
Dans cette région dont le président ukrainien a ordonné le 30 juillet l'évacuation de la population, quatre civils ont été tués au cours des dernières 24 heures, a indiqué le gouverneur, Pavlo Kyrylenko.
"Les forces russes ont probablement décidé d'attaquer frontalement Avdiïvka à partir du territoire occupé dans la région de Donetsk plutôt que d'attendre que les forces ukrainiennes se retirent de leurs positions défensives face aux opérations d'enveloppement russes au nord-est", estime l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Elles "poursuivent également leurs assauts sur Pisky, à l'ouest d'Avdiïvka, et tenteront probablement de prendre le contrôle de l'autoroute E50 qui relie les deux localités", ajoute l'ISW.
Dans le nord-est de l'Ukraine, dans la région de Kharkiv, deuxième ville du pays, un bombardement russe sur Tchougouïv a fait un mort, de nationalité russe, et deux blessés, a annoncé la police.
- Grignotage ukrainien dans le Sud -Dans la région de Kherson, première ville d'importance tombée le 3 mars, l'armée russe tente d'enrayer une lente contre-offensive de l'Ukraine, qui a annoncé mardi y avoir repris 53 localités.
"Les forces russes ont lancé deux assauts dans le nord de la région de Kherson et continuent de redéployer des troupes dans le Sud", selon l'ISW.
En raison d'une frappe ukrainienne sur un train de munitions russe dans la région, "il est hautement improbable que la voie ferrée reliant Kherson à la Crimée (péninsule annexée par Moscou en 2014, NDLR) soit encore opérationnel", indique de son côté le ministère britannique de la Défense.
"Les forces russes pourront sans doute réparer le chemin de fer en quelques jours mais il demeurera une vulnérabilité pour elles et leur route logistique de ravitaillement de Crimée vers Kherson", explique-t-il.
Le ministère britannique de la Défense anticipe en outre "une augmentation du nombre de civils tenant de fuir Kherson et ses environs à mesure que les hostilités se poursuivent et que les pénuries de nourriture s'aggravent".
- Première cargaison de céréales en route vers le Liban -Des experts turcs, russes et ukrainiens ont inspecté mercredi près d'Istanbul le navire transportant le premier chargement de céréales exporté par l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, qui a ensuite repris sa route vers le Liban.
Le cargo Razoni avait quitté lundi Odessa, principal port ukrainien, sur la mer Noire, avec 26.000 tonnes de maïs à destination de Tripoli, dans le nord du Liban.
Selon Kiev, 16 autres bateaux chargés de céréales sont en attente de quitter Odessa en vertu de l'accord conclu le 22 juillet à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine via une médiation de la Turquie et sous l'égide des Nations unies.
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