Les gardes à vue ont été levées pour les onze membres d'une association pro-euthanasie, interpellés dans le cadre d'une enquête portant sur un trafic en France de Pentobarbital, puissant anesthésiant parfois utilisé pour l'aide au suicide, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Mardi, onze personnes, et non dix comme annoncé initialement, avaient été interpellées. Leurs gardes à vue ont été levées mercredi, sans poursuite à ce stade.
Des sources proches du dossier avaient indiqué à l'AFP que cette vague d'interpellations visait en tout treize membres de l'association Ultime liberté, qui milite pour "la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie volontaire", selon son site internet.
L'association, créée en 2009 à Chaumont (Haute-Marne) avec des antennes réparties sur le territoire français, revendique près de 3.000 adhérents.
Ces interpellations avaient été réalisées dans le cadre d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction du pôle santé publique de Paris qui enquête sur un trafic de Pentobarbital, barbiturique interdit en France depuis 1996 pour la médecine humaine.
Les investigations du juge spécialisé sont la suite de celles entamées le 26 juillet 2019 par le parquet de Paris après la transmission à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) par les autorités américaines d'une liste de destinataires français de colis pouvant contenir ce puissant anesthésiant, déclaré à la douane comme cosmétique.
125 acheteurs français avaient été identifiés par les gendarmes de l'Oclaesp, appuyé par le service central du renseignement criminel (SCRC).
Lors de plus d'une centaine de perquisitions en octobre 2019, 130 flacons de ce produit, détourné par des personnes souhaitant mettre fin à leurs jours, avaient été saisis.
Le produit, appelé "Nembutal", était "expédié, sous couvert d'une déclaration en Douane, comme cosmétique", avait précisé à l'époque le parquet.
Fabriqué par un laboratoire danois qui détient une licence exclusive de production aux États-Unis, le Pentobarbital est utilisé par les vétérinaires pour euthanasier les animaux.
L'information judiciaire, ouverte le 18 juin 2020, porte entre autres sur "l'importation, la détention et l'acquisition, notamment sur un réseau de télécommunication, et l'emploi illicites de substances classées comme psychotropes", ainsi que sur "l'exercice illégal de la profession de pharmacien et la propagande ou complicité de propagande en faveur de produits permettant de se donner la mort".
Le magistrat peut décider à tout moment de convoquer tel ou tel des mis en cause en vue d'une éventuelle mise en examen.
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