Le ministère public a débuté mardi après-midi son réquisitoire au procès devant la Cour de justice de la République de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et de son ex-ministre de la Défense François Léotard dans le volet financier de l'affaire Karachi, en l'absence des prévenus.
M. Balladur, 91 ans, et M. Léotard, 78 ans, ne se sont pas présentés au palais de justice de Paris à la reprise de l'audience à 14H00, pour les réquisitions de l'accusation.
Dans un courrier lu par le président de la CJR, Dominique Pauthe, François Léotard explique son absence, certificat médical à l'appui, en raison de son "état de santé (qui) s'est aggravé" depuis l'ouverture du procès, le 19 janvier.
Alors qu'il assurait jusque-là seul sa défense, il a désigné une avocate, Brigitte Longuet, pour le représenter.
L'ex-Premier ministre et son ancien ministre de la Défense sont accusés d'avoir mis en place un système de rétrocommissions illégales sur d'importants contrats d'armement avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, destinées à financer en partie la campagne - malheureuse - de M. Balladur à la présidentielle de 1995.
Devant la Cour de justice de la République, une juridiction mi-judiciaire mi-politique et la seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l'exercice de leurs fonctions, les deux prévenus ont nié tout financement occulte de la campagne Balladur.
Dès l'entame d'un réquisitoire à deux voix, le procureur général François Molins a évoqué un "dossier véritablement hors norme" et l'ancienneté des faits, il y a plus de vingt-cinq ans.
Après cinq demi-journées d'audiences, restent "un sentiment de malaise et un goût d'inachevé", une "sensation de n'avoir abordé que la petite partie émergée de cette affaire tentaculaire", a souligné le magistrat.
Face à "un dossier d'accusation crédible", le procureur général a vilipendé "l'attitude des prévenus" devant la Cour et leurs "stratégies de déni et d'évitement", en décidant "de ne pas répondre aux questions", en se lançant "dans des digressions politico-diplomatiques" ou pour reprendre la formule d'Edouard Balladur en "choisissant de rester général".
Lors du procès, "on a tout entendu, tout et son contraire. Et s'il y a quelque chose qui saute aux yeux, c'est qu'il y a forcément des menteurs", a lancé M. Molins.
Les soupçons de financement occulte de la campagne Balladur n'ont émergé qu'en 2010, au cours de l'enquête sur l'attentat commis en 2002 à Karachi, au Pakistan, dans lequel onze employés français de la Direction des constructions navales (DCN) ont trouvé la mort.
Le procès doit s'achever mercredi avec les plaidoiries des avocats d'Edouard Balladur.
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