Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a insisté mercredi sur la nécessité de poursuivre la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et Syrie, dans un premier entretien téléphonique avec son nouvel homologue américain Antony Blinken.
M. Le Drian a souligné "l'importance de poursuivre nos efforts conjoints de lutte contre le terrorisme" au Proche-Orient ainsi qu'au Sahel, a-t-on précisé dans son entourage.
Juste avant l'arrivée de son successeur Joe Biden à la Maison Blanche, le président Donald Trump a réduit la présence militaire américaine à seulement 2.500 hommes en Irak.
La France s'inquiète d'une résurgence de l'EI dans ce pays et en Syrie, contre lequel les militaires français restent mobilisés au sein d'une coalition internationale conduite par Washington.
Antony Blinken a mis en exergue de son côté la volonté américaine de "poursuivre la forte coopération" avec la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, sans plus de précisions.
L'armée américaine fournit à l'opération française Barkhane de précieuses capacités de renseignement et de surveillance - notamment grâce à ses drones -, du ravitaillement en vol et du transport logistique.
Début 2020, l'administration de Donald Trump avait prévenu que les Etats-Unis entendaient réduire leur présence en Afrique, faisant craindre à la France une réduction de l'aide américaine.
Le chef de la diplomatie française et le secrétaire d'Etat américain, par ailleurs un parfait francophone - il a été scolarisé à Paris -, ont aussi évoqué "la nécessité d'une coordination étroite pour répondre à la crise iranienne".
La nouvelle administration américaine se dit prête à revenir dans l'accord nucléaire iranien une fois que l'Iran aura renoué avec les engagements dont il s'est affranchi.
Ce pays, soutenu par la Russie, réclame exactement le scénario inverse, ce qui augure de nouvelles manoeuvres diplomatiques très compliquées pour sauver l'accord.
Jean-Yves Le Drian a également "insisté sur les efforts engagés (par la France, ndlr) pour la stabilité et les réformes au Liban".
Le président français Emmanuel Macron a tenté en vain d'arracher la formation d'un gouvernement prêt à engager des réformes structurelles pour sortir le Liban de l'ornière politique et sociale.
Mais les Etats-Unis se sont montrés très critiques après des échanges entre le chef de l'Etat et le mouvement chiite pro-iranien du Hezbollah à Beyrouth.
"Nous nous attendons à ce qu'il y ait davantage de réalisme américain sur ce qui est possible ou pas compte tenu des circonstances au Liban", a souligné mardi la présidence française devant les journalistes de l'Association de la presse diplomatique française (APDF).
Jean-Yves Le Drian a par ailleurs plaidé pour "une relation transatlantique et une alliance atlantique renforcées et rééquilibrées" avec l'arrivée de Joe Biden ainsi que pour une coordination étroite entre l'UE et les Etats-Unis sur "les dossiers du commerce et de la Chine".
Antony Blinken a souligné "le désir américain de travailler avec la France, notre plus vieil allié, et nos autres partenaires pour répondre aux défis communs, notamment le Covid-19, le climat et la Chine", selon un communiqué du Département d'Etat.
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