Des peines de 20 à 30 ans de prison ont été requises lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris contre trois présumés jihadistes soupçonnés d'avoir projeté un attentat à Paris en décembre 2016.
"Ces trois hommes avaient été missionnés pour être des opérationnels de l'Etat islamique... Des hommes de confiance... De toute évidence l'opération était imminente", ont affirmé les avocats généraux du Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un réquisitoire qui a duré plus de quatre heures.
Les représentants du Pnat ont réclamé respectivement 20 et 22 ans de réclusion à l'encontre de deux habitants de Strasbourg (est de la France), Hicham Makran et Yassine Bousseria, tous deux âgés de 41 ans, et la peine maximum de 30 ans contre le Marocain Hicham El-Hanafi, 30 ans, qualifié de "soldat le plus fidèle" du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Pour ce dernier, l'accusation a demandé que la peine soit assortie d'une période de sûreté des deux tiers et d'une interdiction définitive du territoire français.
Jugés depuis le 1er février pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", les trois hommes avaient été interpellés en novembre 2016, à quelques heures d'intervalle, à Marseille (sud) et Strasbourg à l'issue d'une audacieuse opération de cyberinfiltration de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) au sein de l'EI.
"L'opération +Ulysse+ a été l'opération judiciaire la plus ambitieuse de la France en matière d'antiterrorisme", s'est félicité Benjamin Chambre, l'un des avocats généraux. L'arrestation des trois accusés "a permis de déjouer une action coordonnée à l'arme de guerre, fomentée par l'Etat islamique depuis Raqqa" en Syrie.
"Ulysse", pseudonyme sous lequel ont agi deux agents de la DGSI, a réussi à piéger des hauts cadres de l'EI en zone irako-syrienne en se faisant passer pour un sympathisant jihadiste. Sollicité pour fournir des kalachnikov à l'organisation, "Ulysse" a accepté, moyennant finance. Il a ensuite caché les armes, préalablement démilitarisées, dans la forêt de Montmorency, près de Paris, fournissant les coordonnées GPS de la cachette aux donneurs d'ordres en Syrie.
Ces coordonnées GPS ont été retrouvées sur les téléphones des trois accusés qui, selon le Pnat, étaient prêts à frapper sur le sol français.
"En dépit de leurs différences et de leur parcours, les trois accusés ont été recrutés par l'EI, tous ont démontré un niveau d'engagement jihadiste maximal", a souligné Saliha Hand-Ouali, l'autre avocate générale.
Mais c'est surtout Hicham El-Hanafi qui a retenu son attention. "L'EI ne s'est pas trompé en recrutant Hicham El-Hanafi. Elle a vu en lui une personne extrêmement intelligente, déterminée et loyale", a-t-elle dit.
Durant les deux journées où il a été auditionné par la cour d'assises, ce Marocain à l'allure sportive et aux muscles saillants sous sa chemise n'a jamais rien cédé, n'hésitant pas, selon Mme Hand-Ouali, à fournir des "explications incohérentes", voire "farfelues".
Les six défenseurs des accusés s'exprimeront mardi. Le verdict est attendu mercredi.
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