Avec son module de service ESM pour la mission américaine Artemis, l'Agence spatiale européenne (ESA) se voit confier pour la première fois par la Nasa la responsabilité d'un système critique pour la réussite d'une future mission habitée.
L'ESM (European Service Module) est placé sous la capsule Orion de la première mission Artemis, qui s'effectuera lundi à vide. Ce cylindre d'environ quatre mètres de diamètre et de hauteur, pour une masse dépassant les 13 tonnes, va mener la capsule vers et autour de la Lune après la séparation de l'étage principal du lanceur SLS, environ huit minutes après le décollage.
Non pressurisé, l'ESM va aussi fournir à la capsule Orion l'électricité -à l'aide de quatre panneaux solaires-, l'eau, l'oxygène et le contrôle thermique essentiels à la vie des astronautes qui y voyageront dès la deuxième mission Artemis.
Le module effectuera des manoeuvres orbitales et de contrôle d'attitude d'Orion et pourra même ultérieurement servir à transporter du fret supplémentaire vers la future station orbitale lunaire Gateway.
Airbus Defence and Space a construit l'ESM à Brême, en Allemagne, avec des contributions venant de dix pays européens. L'entreprise s'est appuyée sur son expérience de maître d'oeuvre de l'ATV (Automated Transfer Vehicle), le cargo spatial européen qui a ravitaillé les équipages de la Station Spatiale Internationale (ISS) entre 2008 et 2015.
Le bon fonctionnement de l'ESM lors de ce vol d'essai est "une responsabilité énorme", a dit mardi lors d'un point de presse Jean-Marc Nasr, responsable des systèmes spatiaux chez Airbus, en soulignant que "le temps où on allait seuls dans l'espace est révolu".
Pour cette mission, le module de service va être "poussé un peu dans ses performances, pour récupérer le maximum d'informations", a expliqué le responsable du programme ESM à l'ESA, Philippe Deloo, lors du point de presse. Ce qui permettra de tester le système pour de "futures phases de vol" avec la capsule dans des configurations différentes. Pour la quatrième mission d'Artemis par exemple, le module Orion avec son ESM servira de remorqueur pour arrimer un module d'habitation à la future station orbitale lunaire Gateway.
La première, quant à elle va durer 42 jours, bien au-delà de "l'enveloppe nominale d'une vingtaine de jours" envisagée pour les futures missions habitées, a indiqué M. Deloo.
Le coût de développement et de construction du premier ESM s'élève à 650 millions d'euros. Le budget total consacré aux six premiers ESM commandés par la Nasa s'élève à 2,1 milliards d'euros, ont indiqué des responsables de l'ESA mardi.
pcl/cel/oaa
AIRBUS GROUP
ISS A/S