Le mouvement d'artistes contestataires San Isidro a appelé vendredi à un "dialogue national" à Cuba pour surmonter la crise économique que traverse le pays, trois mois après avoir déclenché une mobilisation inédite pour plus de liberté d'expression.

Le "Mouvement San Isidro manifeste le besoin urgent d'appeler à un dialogue national" pour "surmonter la grave crise qui envahit chaque recoin de notre beau territoire", écrit le collectif d'artistes sur sa page Facebook.

Cette initiative survient "face au refus absolu" du gouvernement communiste "d'écouter ceux qui pensent différemment et ne sont pas d'accord avec la direction dans laquelle est mené le destin" du pays, souligne-t-il.

"Les mesures de la réforme de l'unification monétaire n'ont fait qu'aggraver les inégalités économiques et sociales", estime le collectif, alors que cette réforme adoptée début janvier a entraîné une envolée des prix, compensée partiellement par une forte hausse des salaires.

Le pays vit l'une de ses pires crises économiques depuis des décennies, les sanctions américaines et l'absence de tourisme dû à la pandémie ayant fait chuter le PIB de 11% en 2020, ce qui a aggravé les pénuries d'aliments et de médicaments.

Face aux "décisions incohérentes" du "gouvernement pour affronter la crise économique", le dialogue national "vise à rassembler les opinions sur les problèmes" touchant le pays, "mais aussi les propositions" de la population pour améliorer les choses.

En novembre, le Mouvement San Isidro s'était fait connaître en filmant via Facebook son retranchement pendant dix jours dans une maison de La Havane - certains d'entre eux observant une grève de la faim -, pour dénoncer la détention d'un de leurs membres, un rappeur.

Le lendemain de leur expulsion par la police, quelque 300 artistes, certains de renom, s'étaient rassemblés pendant une quinzaine d'heures face au ministère de la Culture pour réclamer plus de liberté d'expression, une manifestation inédite dans l'histoire récente de l'île.

Le président Miguel Diaz-Canel avait vivement rejeté ces initiatives, les qualifiant d'"ultime tentative" de l'administration de Donald Trump pour "tenter de renverser la révolution" cubaine.

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