Une vive passe d'armes autour de la vidéoprotection a opposé mardi la ville de Marseille et le ministre de l'Intérieur Gerald Darmanin, accusé de "bavure verbale", mais qui a également promis "300 policiers en plus" pour la cité phocéenne, "dont 100 en 2021".
Dans la matinée, sur la radio RTL, M. Darmanin a froissé la majorité de gauche de la deuxième ville de France en affirmant avoir lui-même "proposé de l'argent à la mairie de Marseille, par le préfet, pour de la vidéoprotection", argent que "la mairie a refusé".
"Il faut arrêter d'être pompier pyromane parfois", avait-il insisté, en réponse à des propos de l'ancienne sénatrice socialiste Samia Ghali, désormais adjointe à la ville, selon qui rien n'avait "changé" depuis dix ans à Marseille en matière de lutte contre la délinquance.
"Je ne doute pas qu'il s'agisse d'une bavure verbale de la part du ministre de l'Intérieur", a rétorqué mardi après-midi l'adjoint à la sécurité de la ville de Marseille, Yannick Ohanessian, sur le Vieux-Port.
"Il ferait mieux d'éviter de tenter en permanence de caresser l'électorat d'extrême droite et de se confronter à la réalité de terrain", a insisté l'élu du Printemps Marseillais, cette large union de la gauche qui a regagné la ville en juin après un quart de siècle de règne du maire LR Jean-Claude Gaudin.
"Jusqu'à preuve du contraire, une caméra n'a jamais arrêté le moindre voleur et encore moins un trafic de drogue", a poursuivi M. Ohanessian, selon qui Marseille est déjà "la première ville de France en matière d'équipements de vidéoprotection", avec 1.600 caméras.
"Mais aujourd'hui, une caméra dans une cité de la ville, elle a une durée de vie de 10 minutes", a regretté l'élu, en estimant à 29 millions d'euros les investissements passés de la ville dans ce domaine de la vidéoprotection, et à sept millions d'euros par an le simple coût de fonctionnement de ce réseau.
Engagé par la droite municipale en 2015, le projet de vidéoprotection dite "intelligente" de Marseille est désormais sous le coup d'un moratoire.
Regrettant "le manque criant" de policiers nationaux à Marseille, avec "à peine six équipages de BAC (brigades anticriminalité) la nuit", M. Ohanessian s'est cependant félicité du tweet par lequel le ministre a annoncé le déploiement de 300 policiers supplémentaires, dont une centaine dès cette année.
"Jusqu'à ce dernier tweet, je n'avais eu aucune réponse de M. Darmanin", a accusé l'adjoint marseillais, en expliquant avoir écrit au ministre de l'Intérieur le 19 août, il y a six mois: "Mais nous serons évidemment très heureux de l'accueillir ici à Marseille, dans la deuxième ville de France", a-t-il ajouté.
Dans son tweet, M. Darmanin a précisé qu'il entendait faire officiellement cette annonce de renforts "dans quelques jours", à Marseille même.
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