Les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Education se sont réunis lundi avec préfets, procureurs et recteurs d'Ile-de-France pour tenter de répondre au phénomène des rixes entre jeunes, qui ont endeuillé la région parisienne la semaine dernière.
"On pense tous à cet instant au sang de ces enfants tués pour rien au fond", a déclaré le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à l'issue de cette visioconférence organisée une semaine après la mort d'une collégienne et d'un collégien, âgés de 14 ans et poignardés au cours de deux rixes dans l'Essonne.
Un plan de lutte contre les bandes rénové doit être adopté d'ici le 1er mai, ont annoncé les ministères de la Justice et de l'Intérieur dans un communiqué.
Ce plan prévoit notamment de recourir à des groupes locaux de traitement de la délinquance, sur le modèle de celui mis en place à Paris qui associe police, mairie et services éducatifs sous l'égide du parquet. Leur but sera notamment de surveiller les réseaux sociaux via lesquels les jeunes peuvent se donner rendez-vous pour en découdre.
La sécurité aux abords des écoles, le suivi de l'absentéisme scolaire et la médiation dans les quartiers doivent également être renforcés.
"On doit être complémentaires dans nos actions", a déclaré le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, lors d'un déplacement en Haute-Saône.
"Cette coopération existe déjà de manière appréciable, mais on peut faire toujours plus et toujours mieux avec, par exemple, un meilleur contrôle de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. On voit très fréquemment que la communication de certaines personnes débouche sur des violences, on doit mieux prévenir cela", a ajouté M. Blanquer.
Pour éviter de nouveaux drames, il faut une généralisation "des bonnes pratiques", a aussi plaidé à l'issue de la visioconférence Eric Dupond-Moretti, citant entre autres une "meilleure collaboration entre les différents parquets généraux" et un recours décuplé aux "interdictions de paraître".
"Il faut développer" ces alternatives aux poursuites qui sont actuellement en expérimentation à Bobigny, Montpellier et Senlis et permettent "d'extraire" des jeunes "de la bande".
Le Garde des Sceaux a également mis en avant le nouveau Code de justice pénale des mineurs, qui entrera en vigueur le 30 septembre et doit permettre de réduire les délais de jugement.
"On va passer de délais extrêmement longs où on voit des gamins de 16 ans qui sont jugés quand ils en ont 22" à "une justice qui peut être rendue très, très vite", a-t-il assuré. "Si on laisse filer et qu'aucune réponse n'intervient, on a un risque de réitération".
Selon le ministère de l'Intérieur, 357 affrontements entre bandes ont été recensés en 2020 en France contre 288 en 2019, ce qui représente une hausse de près de 25%. Trois personnes ont été tuées et 218 blessées lors des affrontements recensés l'an dernier.
A l'inverse, à Paris, ils ont reculé ces dernières années, selon le ministère de la Justice, qui a comptabilisé 112 phénomènes de bandes en 2017, 99 en 2018, 89 en 2019 et 83 en 2020, ainsi que huit morts entre 2017 et 2020.
A l'échelle nationale, l'Intérieur recense 74 bandes, dont 46 implantées sur le ressort de la préfecture de police de Paris, qui comprend aussi la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine.
tll-asl-mep-as-nk/pa/swi