Une peine de neuf ans de prison a été requise jeudi contre un homme jugé devant la cour d'assises de Paris pour le viol d'une prostituée transgenre en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.
Cristina T., une Péruvienne de 39 ans, "a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir", a résumé l'avocat général Olivier Auferil. Si elle n'avait pas avant ces faits "une vie enviable", elle a depuis "une vie brisée".
L'accusé, un homme de 28 ans, est jugé pour "viol commis sous la menace d'une arme", peine pour laquelle il encourt 20 ans de réclusion, "vol", "récidive de recours à la prostitution". Dès l'ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina, sous la menace d'un couteau.
Cette femme transgenre se prostituait au Bois de Boulogne. Les faits se sont déroulées une nuit de novembre 2018. "Il s'est approché, il m'a demandé le prix. J'ai répondu 50 euros, il m'a dit que c'était trop cher. (...) Il m'a demandé un rabais, j'ai dit non", a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L'accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés.
Chose rare pour une personne prostituée en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L'enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d'immatriculation de l'accusé.
"Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise", a déclaré l'avocat général. Les prostituées sans papier "évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent".
Le magistrat a cependant souligné que l'accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé "une prise en charge psychologique", et affiché "une prise de conscience" de la gravité de ses actes.
"Il n'a pas eu une vie facile", a-t-il relevé, évoquant son "traumatisme" après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.
"Peut-on imaginer que quand à 5 ans on a eu peur pour sa vie, ça n'a aucune conséquence sur la suite?", a questionné son avocat, Antoine Aussedat. Il a mis en avant "l'évolution" de l'accusé en détention, "sa maturation porteuse d'espoir".
L'accusé est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. "J'avais enfoui de la violence en moi", a-t-il expliqué à la cour.
Le verdict doit être rendu jeudi soir.
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