Avant l'opposant Alexeï Navalny, en grève de la faim depuis mercredi, d'autres prisonniers ont utilisé ce mode de protestation dans les geôles russes ou soviétiques, allant parfois jusqu'à en mourir. Voici quelques exemples marquants:
- Oleg Stensov -
Deux mois après l'annexion de la Crimée par la Russie, dans la nuit du 10 au 11 mai 2014, le réalisateur ukrainien Oleg Stensov est arrêté chez lui, puis transféré à Moscou dans la prison de haute sécurité de Lefortovo.
Le 25 août 2015, ce farouche opposant à l'annexion de la péninsule ukrainienne est reconnu coupable de "terrorisme" et condamné par la justice russe à 20 ans de colonie pénitentiaire "à régime sévère".
Dans sa prison du Grand nord russe, le cinéaste de 43 ans entame le 14 mai 2018 une grève de la faim pour exiger la libération de tous les "prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie.
Le 5 octobre, après 145 jours de jeûne, il annonce l'arrêt de sa grève de la faim de peur d'être nourri de force, sans être parvenu à faire plier le Kremlin malgré une vague de soutien internationale.
M. Stensov est finalement remis à l'Ukraine le 7 septembre 2019 dans le cadre d'un échange de prisonniers.
- Nadia Savtchenko -
Accusée du meurtre de deux journalistes dans l'est séparatiste de l'Ukraine en juin 2014, la pilote ukrainienne Nadia Savtchenko lance à plusieurs reprises une grève de la faim - et parfois de la soif - pour protester contre sa détention en Russie, passant notamment 84 jours sans s'alimenter de décembre 2014 à mars 2015.
Condamnée en mars 2016 à 22 ans de prison par la justice russe, cette femme de 34 ans observe une nouvelle grève de la faim le mois suivant pour faire pression sur les autorités russes et être renvoyée en Ukraine.
C'est en héroïne nationale dressée face à Moscou qu'elle est accueillie à son retour à Kiev le 25 mai 2016 après sa libération dans le cadre d'un échange de prisonniers.
- Nadejda Tolokonnikova -
Se disant "menacée de mort" après avoir écrit une lettre dénonçant des conditions de détention proches de l'"esclavage", la membre du groupe contestataire Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova entame le 23 septembre 2013 une grève de la faim pour obtenir son transfert dans une autre colonie pénitentiaire.
Cette ancienne étudiante en philosophie de 23 ans purge avec une autre jeune femme, Maria Alekhina, une peine de deux ans de camp pour avoir chanté début 2012 une "prière punk" contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
Hospitalisée le 1er octobre, Mme Tolokonnikova interrompt sa grève de la faim contre la promesse d'un transfert vers une autre colonie pénitentiaire. Elle est déplacée un mois et demi plus tard en Sibérie, dans la région de Krasnoïarsk.
Les deux jeunes femmes sont remises en liberté le 23 décembre 2013.
- Anatoli Martchenko, mort sous l'ère soviétique -
Le 9 décembre 1986 est annoncé en URSS le décès en prison de l'écrivain dissident Anatoli Martchenko.
Condamné en 1981 à dix ans de camp à régime sévère et cinq ans d'exil intérieur pour "propagande et agitation anti-soviétique", l'opposant de 48 ans avait entamé au mois d'août une grève de la faim pour réclamer la libération de tous les prisonniers politiques en Union soviétique.
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