L'intégration de CNP Assurances a permis à La Poste d'éviter une perte historique de 1,8 milliard d'euros en 2020 du fait de la pandémie.
Selon des résultats publiés jeudi, l'excellente forme des envois de colis a en effet été loin de compenser le plongeon des volumes de courrier transportés, accéléré par la crise du Covid-19.
La pandémie de Covid-19 a eu un impact négatif de 2,3 milliards d'euros, a précisé le groupe. Mais cela a été plus que compensé par la comptabilisation des titres CNP Assurances, dont le groupe a pris le contrôle le 4 mars et qui a apporté 3,6 milliards d'euros au résultat net.
La Poste affiche finalement un bénéfice net de 2,1 milliards d'euros sur l'année, contre 822 millions en 2019.
Le chiffre d'affaires du groupe est en progression de 20% à 31,2 milliards d'euros, en grande partie grâce à des acquisitions.
L'activité du courrier traditionnel a particulièrement pâti de la crise sanitaire, avec une baisse de chiffre d'affaires de 13% et des volumes en baisse de 18% sur un an.
"Au cours de l'année 2020, nous aurons perdu 1,6 milliard (...) de plis, c'est-à-dire presque trois années de baisse des volumes", a relevé le PDG Philippe Wahl lors d'une téléconférence de presse.
La hausse de 29% des volumes du colis classique (Colissimo) n'a pas suffi à amortir la baisse du chiffre d'affaires de la branche Services-Courrier-Colis, de 1,8% à 12,2 milliards d'euros. Sa perte d'exploitation dépasse le milliard d'euros.
GeoPost (colis express, dont Chronopost en France) s'en sort nettement mieux grâce à l'essor du e-commerce, avec un bond de 42% du chiffre d'affaires à 11 milliards d'euros.
Le lourd déficit du service universel postal (les prestations de base, dont la levée et la distribution six jours sur sept), en particulier, "préoccupe" M. Wahl. Des négociations sont en cours avec l'État pour redéfinir cette mission de service public, préciser l'offre et trouver un niveau de compensation suffisant, a-t-il expliqué.
Le PDG a annoncé que les Français pourraient dans les prochains mois prendre rendez-vous du jour au lendemain avec leur facteur pour un service ou une prestation postale.
Début 2022, une "super-application" donnera en permanence les heures d'ouverture de l'ensemble du réseau, du bureau de poste au point-relais.
Pour plusieurs syndicats, ces résultats et annonces se font "au détriment des postiers" et augurent d'un "démantèlement dangereux" du service postal public.
La CGT (1er syndicat) a dénoncé dans un communiqué "l'absence d'intéressement au titre de 2020 pour les postiers de la maison mère", qui ont été "en première ligne dans la crise sanitaire", et qui est "l'exact reflet d'une absence de solidarité dans le groupe".
Pour SUD-PTT, la direction "s'appuie en grande partie sur la crise Covid pour avancer les pions de sa stratégie" et met "en danger" l'avenir du personnel et du service public postal.
"La période du Covid a été une période de test grandeur nature pour la fermeture des bureaux de plein exercice ou la non-distribution du courrier 6 jours sur 7 (...). Nous étions une branche courrier qui distribuait du colis, nous serons une branche colis qui distribuera du courrier", résume le 3e syndicat du groupe dans un autre communiqué.
Pour l'Unsa (5e) "la direction de La Poste a fait un nouveau pas vers la perte de confiance de son personnel, à qui elle en demande toujours plus, mais qu'elle ne remercie jamais pour les efforts consentis".
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CNP ASSURANCES