Quatre mois après la reprise de la chaîne de restaurants de grillades Courtepaille par son concurrent Buffalo Grill, une autre enseigne de restauration accessible et familiale, Flunch, demande à être placée en procédure de sauvegarde et veut réduire la voilure, laminée par la crise sanitaire.
Née en 1971, Flunch, qui se veut "la première chaîne française de restauration en libre-service" avec 55 millions de clients servis par an -avant le Covid- au sein de ses 227 restaurants de l'Hexagone, appartient à la constellation d'entreprises du groupe Mulliez (Decathlon, Auchan, Boulanger, Leroy Merlin, Kiabi, Saint Maclou...), pour la plupart basées dans le nord de la France.
Durement éprouvée par la crise sanitaire, l'enseigne a vu son chiffre d'affaires plonger de près de 212 millions d'euros (soit -57%) l'an dernier, pour les 161 restaurants détenus en propre en France.
Ainsi, "pour faire face aux difficultés majeures liées à la crise sanitaire", Flunch a annoncé mercredi avoir demandé à être placée sous procédure de sauvegarde et chercher à céder une soixantaine d'établissements.
L'option de procéder à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) ne serait envisagée de son côté que pour certains des collaborateurs des restaurants qui ne feraient pas l'objet d'une reprise, et des "fonctions support", à savoir les salariés du siège, a précisé la porte-parole.
Vendredi aura lieu une audience au tribunal de commerce de Lille, qui examinera l'ouverture de la procédure de sauvegarde.
Sur près de 5.000 collaborateurs, "un maximum de 1.300 postes devraient être concernés" par un projet de "redimensionnement" du parc de restaurants de l'enseigne, "avec la possibilité d'ouvrir un PSE, après consultation des représentants du personnel", a précisé l'entreprise.
Une soixantaine de restaurants, parmi ceux détenus en propre, seront "proposés à la reprise, en priorité aux collaborateurs de l'enseigne et aux franchisés actuels", puis dans un second temps, à d'autres professionnels de la restauration, a indiqué une porte-parole à l'AFP.
- Consternation côté syndical -"L'idée est de proposer un projet pour redresser l'entreprise", qui va se recentrer sur ses établissements les mieux placés et les moins déficitaires du fait de la pandémie de Covid-19, afin de redémarrer en position financière plus favorable lorsque pourront rouvrir les restaurants qui ont baissé le rideau fin octobre en France, comme tout le secteur, après un premier confinement au printemps.
Sur les 227 restaurants que compte l'enseigne en France, 66 sont des franchisés et ne sont pas concernés par ce projet -pas plus que les 7 restaurants Flunch en Italie-, a indiqué la porte-parole.
Privés de chiffre d'affaires pendant près de six mois en 2020 - en raison de deux confinements, sans compter l'activité réduite par les couvre-feu et les restrictions sanitaires- , les groupes de restauration n'ont pas été indemnisés par le Fonds de solidarité au même niveau que les indépendants.
Avant que le Fonds ne soit revalorisé, ce mois-ci, ils touchaient à l'échelle d'un groupe -comptant parfois des dizaines d'établissements- la même aide qu'un seul restaurant indépendant. Selon Flunch, ses restaurants faisant 200.000 euros de chiffre d'affaires annuel auraient pu toucher jusqu'à 78.000 euros, si le soutien avait été équivalent, mais "ils n'ont bénéficié que de l'activité partielle", a indiqué la porte-parole.
La procédure de sauvegarde "devrait permettre à l'entreprise de se donner du temps en termes de trésorerie en attendant la reprise de l'activité commerciale dont la date reste toujours incertaine, et de poursuivre son plan de transformation", a précisé l'entreprise.
Côté syndical, cette annonce a consterné: "On ne s'attendait pas à un plan d'une telle ampleur", a déclaré à l'AFP Grégory Dubois, délégué syndical central CFDT. "Bien avant la crise sanitaire, l'entreprise n'était déjà pas en grande forme, on a déjà vécu plusieurs plans sociaux. On en était conscients, on était lucides", a-t-il toutefois ajouté.
"Aucune liste des restaurants concernés ne sera donnée avant le 2 février, donc les salariés ne savent pas s'ils ont touché le gros lot, si j'ose dise. Ils ne savent pas si leur restaurant est concerné ou pas", a-t-il souligné.
Fin septembre, l'enseigne de restaurants de grillades Courtepaille, placée en redressement judiciaire deux mois plus tôt, avait été reprise par son concurrent Buffalo Grill, dont l'offre prévoyait la reprise de 2.208 salariés sur quelque 4.000 emplois.
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