Des centaines d'oeuvres d'art, dont une soixantaine de Norman Rockwell: c'est ce que les Boy Scouts of America prévoient de mettre en vente, pour aider à indemniser les milliers de personnes qui se sont déclarées victimes d'abus sexuels au sein de la principale organisation du scoutisme américain.
Selon des documents enregistrés cette semaine auprès du tribunal des faillites du Delaware, l'organisation, qui fait face à près de 100.000 plaintes pour abus sexuels, a l'intention de vendre 59 oeuvres du célèbre peintre et illustrateur new-yorkais (1894-1978).
Les oeuvres, datées de 1916 à 1976, reflètent la longue collaboration entre ce très célébré chroniqueur de la société américaine et le mouvement scout. Certains tableaux portent des noms étroitement liés aux traditions du mouvement de jeunesse, comme "The scoutmaster" ("Le chef scout") ou "The Campfire story" ("Histoire autour du feu de camp").
Les documents déposés au tribunal -- près de 380 pages -- ne précisent pas la valeur estimée de ces tableaux.
Selon le musée Norman Rockwell situé à Stockbridge, dans le Massachusetts, où il mourut, Norman Rockwell commença à collaborer avec les Boy Scouts très jeune, en 1912, avant d'être nommé responsable artistique de leur magazine "Boys' Life" quelques années plus tard.
Les Boy Scouts ont été secoués ces dernières années par un énorme scandale d'abus sexuels, qui a éclaté au grand jour à partir de 2012.
Fin février 2020, date limite pour bénéficier d'un fonds d'indemnisation, près de 100.000 personnes s'étaient déclarées victimes d'abus sexuels au sein des Boy Scouts of America. Soit huit fois plus que de plaintes déposées contre le clergé catholique américain, selon des avocats représentant les victimes de ces abus.
Plombés par ces accusations qui ont déjà donné lieu à de coûteux procès, les Boy Scouts of America ont déposé le bilan en février 2020, afin de geler toutes les demandes de dédommagement devant la justice et de les rediriger vers le fonds d'indemnisation.
Ce dernier cherche à collecter au moins 300 millions de dollars, selon des médias américains.
L'organisation, fondée en 1910 et qui compte quelque 2 millions d'adhérents, assure s'être désormais "dotée d'une politique rigoureuse pour protéger la jeunesse". Des pages entières du site internet de l'organisation sont désormais consacrées à ses efforts pour indemniser les victimes.
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