Le Liban a reçu de la Suisse une demande officielle d'assistance juridique pour une enquête concernant des transferts d'argent présumés effectués par le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
L'enquête porte sur 400 millions de dollars qui, malgré des restrictions bancaires draconiennes, auraient été transférés à l'étranger par M. Salamé, son frère, son assistante et des institutions liées à la banque centrale, a indiqué la source libanaise, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Les services de M. Salamé ont nié des "allégations", après des informations publiées mardi par le quotidien libanais Al-Akhbar.
"Toutes les allégations de transferts d'argent présumés à l'étranger, qu'ils soient faits sous son nom (M. Salamé), ou sous le nom de son frère ou de son assistante, sont des informations infondées", selon un communiqué.
Le Ministère publique de la Confédération (MPC), le parquet fédéral suisse, a confirmé mardi avoir "adressé par la voie officielle une demande d'entraide judiciaire aux autorités compétentes au Liban", dans un communiqué envoyé à l'AFP.
Le MPC a précisé que sa demande était liée à une "enquête pour blanchiment d'argent aggravé (...) en lien avec un éventuel détournement de fonds au détriment de la Banque du Liban", sans toutefois faire mention de suspects.
Le procureur général Ghassan Oueidat libanais a reçu la demande d'assistance juridique via "l'ambassade suisse à Beyrouth" et non les canaux diplomatiques traditionnels, selon la source judiciaire, évoquant une procédure inhabituelle.
La requête ne comprend pas de documents ou de preuves, mais une liste de questions à poser à M. Salamé et à d'autres personnes liées à l'affaire, précise la source.
L'existence d'une enquête en Suisse a été rapportée mardi par Al-Akhbar, fervent critique du gouverneur de la banque centrale.
Selon le quotidien, l'enquête s'inscrit dans le cadre d'efforts menés par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis pour passer au crible les transactions suspectes de responsables libanais, y compris M. Salamé.
Le Liban connaît depuis 2019 sa pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), avec notamment une dégringolade de sa monnaie nationale et des restrictions bancaires interdisant les transferts bancaires à l'étranger.
Riad Salamé et des responsables politiques sont soupçonnés d'avoir bravé ces mesures pour échapper à des contrôles de capitaux.
Plusieurs appels à l'étranger et au Liban ont été lancés depuis le début de la crise pour restituer ces montants, alors que le pays est en proie à une pénurie aiguë de devises étrangères.
str-bur-ho/bek/hj/ode/fjb