Vers un rachat par Pyrex? L'examen des offres de reprise de la célèbre verrerie Duralex, en redressement judiciaire depuis septembre 2020, s'est résumé vendredi à l'audition du projet de la maison mère de Pyrex, International Cookware.
Verres réputés incassables des restaurants scolaires, objets design de la boutique du MoMA de New York, contenants à whisky pour 007 dans Skyfall: les créations Duralex n'ont pas attiré beaucoup d'investisseurs malgré leur notoriété.
Sur les trois projets initialement déposés, deux ont avorté dès vendredi, ouvrant la voie à International Cookware.
Le premier projet, porté par l'un des principaux actionnaires, André Ioannidès, frère de l'actuel dirigeant Antoine Ioannidès, a été abandonné in extremis la veille. "Nous avons retiré notre offre tard hier soir car nous avons eu trop peu de temps pour rassembler les financements", a justifié son avocat Antoine Poulain.
L'autre offre, émanant d'un agent commercial indépendant, Pierre-Olivier Baron, n'a pas été défendue. Personne ne s'est présenté à l'audience qui se poursuivait dans l'après-midi à huis-clos.
Plus que jamais International Cookware fait donc figure de favori à la reprise de la verrerie de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), qui porte à l'international les couleurs du "Made in France".
La maison mère de Pyrex, contrôlée par le fonds d'investissement européen Kartesia, prévoit de reprendre l'intégralité des 248 salariés (moins deux cadres dirigeants).
Le groupe basé à Châteauroux promet en outre d'investir 21 millions d'euros sur quatre ans, a précisé son PDG José Luis Llacuna en marge de l'audience.
- "marque émotionnelle" -"Duralex est une marque émotionnelle. Nous nous y intéressons depuis deux ans. Des négociations avaient été entamées mais n'avaient pu aboutir. Nous avons dépensé beaucoup de temps et d'énergie pour examiner ce dossier", a réagi M. Llacuna.
"Si nous l'emportons, nous avons l'ambition de redonner à Duralex son leadership dans le monde et de développer un pôle mondial en nous appuyant sur les deux marques", a expliqué le dirigeant.
En attendant la décision des juges, cette offre recueille déjà l'approbation des salariés. "L'avantage, c'est qu'elle est financée, qu'elle conserve quasiment tous les emplois et que les repreneurs prévoient des investissements", s'est félicité Pascal Colichet, secrétaire CGT du CSE de Duralex.
"Nous avons encore des interrogations sur les synergies entre les deux usines Pyrex et Duralex", s'est toutefois interrogé le syndicaliste.
Bien que tous deux spécialistes du verre trempé, Pyrex et Duralex n'utilisent pas les mêmes technologies, donnant à leur vaisselle des propriétés différentes. Ainsi le verre Duralex est particulièrement résistant aux chocs, alors que celui de Pyrex supporte particulièrement bien les températures élevées, d'où sa spécialisation dans les plats à four.
L'irruption d'un outsider à la dernière minute pourrait toutefois compliquer la procédure. La juridiction consulaire a en effet auditionné vendredi un autre groupe d'investisseurs, La Compagnie française du verre.
Cette dernière affirme avoir signé un accord pour le rachat de Duralex avant le dépôt de bilan. Invitée à l'audience, elle a défendu un plan de continuation.
Mais La Compagnie française du verre se heurte à un imbroglio juridique, puisque le tribunal a renvoyé au 18 mars l'audience sur sa requête concernant les droits de propriété de la société.
Duralex, en difficulté à la suite d'un incident lors du remplacement de son four en 2017, a vu sa situation se dégrader avec la crise sanitaire du Covid-19. Cette dernière a entraîné une baisse des exportations et le recul des ventes dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
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