Quatre mois de prison avec sursis ont été requis jeudi contre un policier accusé de violence volontaire sur un quinquagénaire, le 6 juin, à Marseille, en marge d'une manifestation contre les violences policières à laquelle la victime n'avait absolument pas participé.
Expliquant avoir "du mal à croire" au scénario présenté par monsieur M., ce policier de 28 ans, la représentante du parquet, Mathilde Gallego, a stigmatisé "une attitude non légitime de la part d'un fonctionnaire de police", devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Ce samedi 6 juin, la nuit est presque tombée et la manifestation contre les violences policières largement dispersée quand M. de B., 51 ans, rentre chez lui, après avoir fêté l'anniversaire de son fils dans un bar. Clefs à la main, il longe un fourgon de police stationné près de la Canebière et semble heurter le véhicule à deux reprises.
Aucun dégât ne sera constaté, mais monsieur M., en train de retirer son équipement de protection, se redresse et intervient.
"Je l'interpelle verbalement, et il me porte un coup au thorax, sur mon gilet pare-balles", explique le policier à la barre: "Vu les événements actuels, les attaques au couteau, je dois réagir, je le repousse des deux mains, et il tombe, (...) comme un poids mort".
Si le policier de la BST (Brigade spécialisée de terrain) sud de Marseille assure que M. de B était de profil quand il l'a repoussé, celui-ci maintient "avoir été poussé dans le dos". Ce qui expliquerait ses blessures au visage, en plus de sa plaie au crâne.
Problème pour le policier: plusieurs témoins, des jeunes de retour de la manifestation, affirment eux aussi que le quinquagénaire a été poussé dans le dos. Et ils le confirment dans un courrier signé envoyé à la procureure de la République de Marseille.
"La parole de six personnes, même si elles ont le mauvais goût d'avoir participé à une manifestation contre les violences policières, vaut au moins autant que la parole d'un policier", ironise Me Clémence Lachkar, l'avocate de la victime.
Niant toute "intention coupable" dans le geste du policier, son avocate, Me Myriam Greco, a elle refusé que "la victime soit érigée comme le nouveau martyr des violences policières".
Si monsieur M. est devant le tribunal, "c'est à cause, ou grâce, à la dénonciation de ces étudiants, dont on peut présumer de l'hostilité à l'égard des forces de police", a-t-elle plaidé, en insistant sur le supposé "état d'ébriété de la victime".
Le président du tribunal a mis son jugement en délibéré au 30 mars.
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