Il avait sorti son arme pour menacer un détenu qui l'avait poussé à bout: un policier marseillais a échappé à la prison ferme requise par le parquet et a finalement été condamné, jeudi, à dix mois de prison avec sursis, sans interdiction professionnelle.
Le procureur avait requis contre le trentenaire huit mois de prison ferme et une interdiction temporaire d'exercer son activité pour quatorze mois.
Affecté aux geôles du palais de justice de Marseille, le fonctionnaire avait, le 22 septembre, à son arrivée à la maison d'arrêt d'Aix-Luynes où étaient reconduits trois détenus après une audience à Marseille, sorti son arme contre celui qui l'avait copieusement insulté, menacé de mort et lui avait craché dessus à de nombreuses reprises.
Les injures du détenu contre ce policier avaient redoublé lorsqu'il l'avait fait monter dans le fourgon cellulaire. Selon un autre prisonnier qui était transporté, le policier, qui pratique la boxe, avait alors ouvert la porte de la mini-cellule du camion et décoché deux coups de poing. Le prévenu assure qu'il repoussait le détenu qui avait réussi à entrebâiller la porte.
A plusieurs reprises des menaces de mort ont fusé contre le fonctionnaire: "je vais te kalacher, te couper en deux, même si je prends vingt ans".
En partant du palais de justice, le policier avait demandé à son collègue qui conduisait le fourgon de "rouler comme un enculé". Selon l'accusation, le chauffeur avait donné des coups de frein intempestifs dans le but, selon l'accusation, de blesser les détenus transportés à l'arrière. "Mon objectif était de rouler vite pour en finir avec ce calvaire, pas pour blesser les occupants du fourgon d'autant qu'il y avait aussi mon collègue", s'est défendu le policier. Il a été relaxé.
A leur arrivée à Luynes, le personnel pénitentiaire avait observé avec "sidération" le prévenu sortir son arme lorsque le détenu lui avait lancé: "Tu as une arme, tu n'as pas les couilles de la sortir".
Entré dans la police six ans plus tôt, considéré comme "un bon flic" selon son avocat Me Cyril Lubrano-Lavadera, le policier a reconnu une erreur "d'une seconde et deux dixièmes", le temps durant lequel il avait exhibé son arme avant de la rengainer.
Pour le procureur adjoint André Ribes, "les faits sont gravissimes: peut-on tolérer que quelqu'un qui porte les armes de la République se permette de braquer quelqu'un enfermé dans une geôle ?" Le tribunal a justifié sa décision par un "manque de prise en compte" de sa situation par la hiérarchie du policier.
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