Fils du roi Hussein et de sa dernière épouse, le prince Hamza a pu croire un jour accéder au trône: mais à la mort de son père, c'est Abdallah, plus âgé, qui est couronné. Et, cinq ans plus tard, il est déchu du titre de prince héritier.
Dans une vidéo transmise samedi soir à la BBC par son avocat, le prince Hamza a affirmé que le chef d'état-major de l'armée s'était rendu à son domicile et lui avait signifié qu'il n'était "pas autorisé à sortir". Il a nié avoir pris part à un complot et accusé les autorités de son pays de "corruption" et d'"incompétence".
Dans un communiqué, ce chef d'état-major, le général Youssef Huneiti, a lui précisé que le prince avait été "appelé à arrêter les activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume".
Des accusations répétées dimanche lors d'une conférence de presse par le vice-Premier ministre, Aymen Safadi.
"Les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein (...) et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie".
- "Critiques" -
D'après un analyste jordanien qui ne veut pas être identifié pour des raisons de sécurité, le prince Hamza avait, ces derniers temps, "multiplié devant son cercle d'amis les critiques contre ce qu'il qualifiait de corruption au sein du pouvoir".
Selon cette même source, "il y a certainement de la rancoeur de sa part, car il n'a jamais digéré d'avoir perdu son titre de prince héritier".
La mère du prince Hamza, la reine Noor, a toutefois pris la défense de son fils en dénonçant sur Twitter une "calomnie".
"Je prie pour que la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes", a-t-elle ajouté.
D'origine américaine, la reine Noor, née Lisa Halaby, est la quatrième et dernière épouse du roi Hussein -- elle en deviendra la veuve à la mort du souverain deux décennies plus tard. De leur union naîtra le prince Hamza, qui a eu 41 ans le 29 mars.
Après des études secondaires à Londres, le jeune prince intègre l'académie militaire Sandhurst, où il accompli un parcours brillant, comme avant lui son demi-frère Abdallah, de 18 ans son aîné.
Il embrasse une carrière militaire et sert même en ex-Yougoslavie dans une unité jordano-émiratie, avant d'être d'être diplômé de Harvard. Sportif accompli, il était aussi un pilote émérite, comme le fut son père.
A la mort du souverain, en février 1999, Hamza est toutefois trop jeune pour lui succéder. Abdallah, fils aîné de la reine Muna, deuxième épouse du roi, accède au trône.
- "Position symbolique" -
Conformément au désir exprimé par le défunt souverain, c'est toutefois Hamza qui hérite du titre de prince héritier. La mesure ne sera que temporaire: cinq ans plus tard, le roi Abdallah II finit par lui retirer la succession, au profit de son propre fils Hussein.
Dans une lettre, le souverain se justifie auprès de son demi-frère par ses mots: "le fait que vous occupiez cette position symbolique (d'héritier) a restreint votre liberté et nous a empêchés de vous confier certaines responsabilités que vous êtes pleinement qualifié pour assumer".
Mais Hamza ne voit sûrement pas les choses d'un même oeil.
"La chance de devenir roi lui a échappé à deux reprises, quand son père est mort prématurément (...) et quand son frère lui a retiré son titre" d'héritier, résume l'expert interrogé par l'AFP.
Le 2 juillet 2009, Abdallah II confirme son fils aîné Hussein comme successeur.
Hamza, passionné d'écologie et père de cinq filles et d'un garçon, s'éloigne peu à peu des premiers cercles du pouvoir.
Malgré tout, ce samedi, "son sang royal lui a évité la prison", avance l'expert: "Car dans la famille régnante, on n'emprisonne pas un prince, on l'écarte."
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