Un "grand chelem" pour assurer le retour d'une gauche disparue de la région depuis 2015 sous pression de l'extrême droite: EELV, le PCF, LFI et le PS ont annoncé jeudi s'unir dans les Hauts-de-France derrière l'eurodéputée verte Karima Delli, face au président sortant Xavier Bertrand.
"C'est fait ! Nous, Europe Écologie Les Verts, France Insoumise, Parti Socialiste et Parti Communiste Français, faisons union pour les élections régionales des 13 et 20 juin prochains, dans les Hauts-de-France", ont annoncé les quatre partis dans un communiqué, se félicitant d'un accord "unique à cette heure en France".
L'alliance, négociée depuis des mois, place Karima Delli comme tête de liste, précise le texte, signé de l'intéressée et des chefs de file communiste, insoumis et socialiste, le députés du Nord Fabien Roussel et Ugo Bernalicis et le sénateur socialiste du nord, Patrick Kanner.
"Avec toi ma chère Karima pour porter nos valeurs, nos projets et notre union!", a tweeté la maire de Paris, Anne Hidalgo.
L'objectif "est de faire en sorte que l'histoire ne se répète pas" et "d'aller chercher une victoire exemplaire pour toute la France", a affirmé à l'AFP Mme Delli.
Le secrétaire général du PCF s'est également félicité d'un "grand chelem" pour "éviter la répétition de 2015", quand le PS, arrivé en troisième position, s'était retiré pour permettre à Xavier Bertrand de battre la liste de Marine Le Pen, laissant le Conseil régional sans opposition de gauche.
- "Dans le trio de tête" -Prévalidé par les instances nationales côté LFI, PS et EELV, et restant soumis au vote des militants communistes, l'accord vise à "rompre l'emprise suffocante que l'extrême droite exerce sur les Hauts-de-France et tente (...) d'étendre" à toute la France, soulignent ses artisans.
Face au patron ex-LR de la Région, ils dénoncent aussi "les effets dévastateurs de la politique d'une droite qui (...) a tenté pendant six ans de donner un visage respectable aux politiques de casse sociale, de recul industriel et de retard coupable dans la transition énergétique".
"C'est un bon point d'approche pour qu'à minima la gauche retrouve des couleurs dans l'hémicycle" régional, estime pour l'AFP Ugo Bernalicis.
En cas d'arrivée en 3ème position, "l'hypothèse de base est de se maintenir", a-t-il précisé. Avec une liste RN menée par le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, il n'y voit pas "un risque politique" face à l'extrême droite.
Pour Patrick Kanner, l'enjeu est "de figurer dans le trio de tête", avec "plus de 20% au minimum". Il s'est félicité d'un "changement de doctrine de LFI avec la reconnaissance dans l'accord de ce que représente le PS".
- "Attelage incohérent"? -Cet ancien ministre de François Hollande, à l'égard duquel M. Bernalicis n'avait pas caché ses réticences cet automne, a précisé qu'il ne figurerait pas sur la liste.
Fabien Roussel non plus, a indiqué ce dernier.
Pressenti au départ pour mener un rassemblement dans le cadre d'un "accord de principe" avec LFI et le PS, il a finalement cédé sa place après que LFI a a annoncé la semaine dernière un "pré-accord" avec EELV ouvert aux autres parties prenantes.
Coup d'arrêt donné par Jean-Luc Mélenchon dans la perspective des présidentielles, jusqu'au boutisme de Karima Delli? Dans tous les cas, "Les Insoumis font un beau cadeau aux Verts", a relevé M. Roussel, "surpris" que LFI ait "préféré soutenir une tête de liste verte".
"les partis ont compris que la transition écologique était indispensable", explique Mme Delli.
Malgré un appel en ce sens lancé par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, M. Roussel juge peu probable que l'union soit dupliquée hors des Hauts-de-France.
"En aucun cas elle ne constitue une répétition générale pour la présidentielle", au vu des ambitions divergentes au niveau national entre gauche et Verts, écarte pour sa part le bras droit de Xavier Bertrand, Christophe Coulon.
Il voit dans l'accord conclu une "déconfiture pour le PS et le PCF", les forces historiques de gauche dans la région, débouchant sur "un attelage incohérent".
Si cette union "signe le retour de la gauche dans l'hémicycle", elle ne représente en rien un risque pour Xavier Bertrand, juge-t-il.
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