La police cubaine a empêché lundi une activité organisée par les membres du mouvement contestataire San Isidro à La Havane, qui incluait la distribution de bonbons à des enfants, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

Un déploiement d'agents en uniforme et en civil bloquait dans la matinée la rue Damas, dans le quartier historique de La Havane, où se trouve le siège du Mouvement San Isidro, qui s'est fait connaître en novembre quand une dizaine d'activistes s'y sont retranchés pendant dix jours pour exiger la libération d'un rappeur.

Selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le leader du mouvement, l'artiste performeur et peintre Luis Manuel Otero Alcantara, a été arrêté ainsi que d'autres activistes, alors qu'il tentait de franchir le cordon policier pour remettre les bonbons aux enfants.

Vendredi, la télévision d'Etat avait dénoncé les motivations de cette activité comme une tentative de déstabilisation, affirmant que le mouvement San Isidro est financé par l'Institut National Démocrate aux Etats-Unis, dirigé par l'ex-secrétaire d'Etat Madeleine Albright.

L'activité avec les enfants était initialement prévue le dimanche, jour du 60e anniversaire de l'Union des pionniers de Cuba, organisation de jeunes et adolescents fondée par Fidel Castro (1926-2016).

Dimanche, des dizaines de curieux et habitants du quartier se sont rassemblés rue Damas, entonnant des chants contestataires et criant des slogans contre le président Miguel Diaz-Canel, une manifestation inhabituelle à Cuba. Face à la forte surveillance policière, l'activité avait été reportée au lundi.

L'image d'un des membres du mouvement, le rappeur Maykel Osorbo, levant le poing avec une menotte attachée après avoir échappé à une tentative d'arrestation, était largement partagée lundi sur les réseaux sociaux.

"Après un dimanche de répression et le soutien du peuple cubain, nous sommes prêts pour l'anniversaire collectif des enfants de San Isidro", avait écrit lundi matin sur Twitter Luis Manuel Otero Alcantara.

Selon lui, l'activité visait à soutenir l'action de l'Union patriotique de Cuba (Unpacu), organisation dissidente dont 52 membres - notamment son dirigeant José Daniel Ferrer - disent être en grève de la faim depuis 17 jours à Santiago de Cuba (Est) pour protester contre le blocage par la police de leur distribution d'aliments et de médicaments aux pauvres.

Ce nouvel épisode de contestation sociale, sur fond de crise économique et sous l'impulsion d'internet, survient à deux semaines du congrès du Parti communiste du Cuba, qui marquera le départ en retraite de Raul Castro.

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