L'Ukraine souhaite que la Suisse représente ses intérêts en Russie mais Moscou doit encore donner son aval pour que l'accord entre en vigueur, a indiqué le ministère des Affaires étrangères helvétique mardi.
Au début de la guerre en Ukraine, la Suisse avait offert "ses bons offices" à Kiev et Moscou, avait indiqué en mai à l'AFP le ministère suisse des Affaires étrangères.
Ce que Kiev a accepté.
"L'Ukraine souhaite que la Suisse assume un mandat de puissance protectrice en son nom en Russie. Les négociations à ce sujet sont terminées", a déclaré à l'AFP le ministère suisse des affaires étrangères, confirmant une information publiée par la Luzerner Zeitung.
"Pour que le mandat de puissance protectrice puisse entrer en vigueur, la Russie doit encore donner son accord", a-t-il précisé.
Or Moscou estime que la Suisse n'est plus neutre depuis qu'elle a repris les sanctions européennes à son encontre suite à l'invasion russe en Ukraine.
Lorsque deux Etats rompent entièrement ou partiellement leurs relations, la Suisse, qui se prévaut de sa neutralité, est habituée à assumer une partie de leurs tâches diplomatiques ou consulaires.
La puissance protectrice permet aux Etats concernés de maintenir un minimum de relations et peut aussi permettre d'assurer la protection consulaire des ressortissants du premier sur le territoire du second et du second sur le territoire du premier.
C'est au XIXe siècle que la Suisse a, pour la première fois, assumé un rôle de puissance protectrice en représentant en France les intérêts du Royaume de Bavière et du Grand-Duché de Bade pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871.
L'activité de puissance protectrice de la Suisse a atteint son apogée pendant la Seconde Guerre mondiale, représentant les intérêts de 35 Etats.
Le pays alpin exerce aujourd'hui moins de dix mandats.
La Suisse représente ainsi les intérêts russes en Géorgie et les intérêts géorgiens en Russie depuis 2009. Elle représente aussi les intérêts de l'Iran en Egypte depuis 1979 et ceux de l'Iran au Canada depuis juin 2019.
Elle représente également les intérêts des Etats-Unis en Iran depuis 1980, suite à la crise des otages américains.
Berne défend par ailleurs les intérêts de l'Iran en Arabie saoudite et ceux de l'Arabie saoudite en Iran suite à des accords signés avec ces deux Etats en octobre 2017.
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