L'enseigne stéphanoise de restauration rapide Brut Butcher annonce le retrait des tee-shirts aux inscriptions jugées sexistes et dégradantes par une partie de ses employés contraints de les porter, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
Malgré ce retrait, les employés sont appelés à manifester samedi dans la Loire et le Vaucluse pour réclamer l'arrêt de la prise de photos des employés à chaque pointage, un système que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) juge trop intrusif.
"Je tiens à m'excuser si ces tee-shirts ont pu heurter certains d'entre vous. J'ai donc pris la décision de vous envoyer des tee-shirts blancs dans votre livraison de samedi, en attendant la production de nouveaux uniformes", a déclaré dans un message adressé jeudi aux 200 salariés de la chaîne de restauration, son directeur.
Parmi les inscriptions controversées présentes sur les vêtements de travail, figurent "Un restau très cochon", "Il est cho Rizo", ou "À poêle les dindes". Des inscriptions propices à "des remarques obscènes et salaces de la part de certains clients", selon Frédéric Leschiera, responsable régional commerce et services du syndicat Sud.
"On prend acte des excuses de la direction et de l'annonce du retrait des tee-shirts sexistes. Toutefois l'employeur n'a toujours pas consulté les délégués du personnel sur le visuel des futures tenues de travail", a réagi M. Leschiera.
"La manifestation prévue samedi à Saint-Etienne est donc maintenue et une autre aura lieu au même moment devant le Brut Butcher du Pontet, près d'Avignon" pour exiger le "retrait des badgeuses photos", a-t-il ajouté.
Ces appareils sont utilisés, selon lui, dans la vingtaine d'établissements de l'enseigne (propriété de l'industriel de la viande Despi), qui fonctionne actuellement en mode commande à emporter et livraison à domicile, en raison de la crise sanitaire du Covid-19.
En août, la Cnil avait considéré que l'utilisation de ces badgeuses "contrevenait au principe de minimisation" prévu par le règlement européen sur les données personnelles (RGPD), qui limite la collecte de données au strict nécessaire de la finalité recherchée.
"La collecte obligatoire et systématique, deux à quatre fois par jour, de la photographie de l'employé à chacun de ses pointages apparaît excessif", avait jugé l'autorité.
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