La Première ministre écossaise et cheffe indépendantiste Nicola Sturgeon a estimé samedi que le retour fracassant en politique de son ex-mentor Alex Salmond, récemment blanchi d'accusations d'agressions sexuelles, posait "d'importantes questions" avant les élections locales de mai.
L'ex-Premier ministre écossais de 66 ans a longtemps été l'homme fort de l'Écosse, dirigeant pendant 20 ans le Scottish National Party (SNP), dont il a fait le plus grand parti local, avant de céder en 2014 sa place à Nicola Sturgeon, devant l'échec du référendum sur l'indépendance de cette région britannique.
En pleine querelle fratricide avec son ex-protégée, Alex Salmond a lancé vendredi son nouveau parti politique, "Alba" ("Écosse", en gaélique écossais), affirmant vouloir ainsi renforcer la majorité indépendantiste au Parlement sans faire directement ombrage au SNP.
Mais Nicola Sturgeon a accusé samedi son prédécesseur d'agir par "égo".
"La pertinence de son retour dans la fonction publique suscite d'importantes questions, étant donné les préoccupations qui ont été soulevées sur son comportement par le passé", a ajouté la Première ministre devant des journalistes, en référence aux accusations d'agressions sexuelles sur plusieurs femmes dont M. Salmond a été blanchi par la justice en 2019.
Cette affaire a déclenché une véritable lutte fratricide au sein du parti indépendantiste, Alex Salmond accusant son ancienne protégée d'avoir cherché par là à l'écarter de la vie publique.
Une commission parlementaire a conclu mardi que Nicola Sturgeon avait effectivement "trompé" le Parlement au sujet d'une réunion sur cette affaire. Mais une enquête indépendante distincte l'a cependant exonérée de toute violation du code de conduite ministériel, apportant une victoire majeure à la dirigeante.
"Alex Salmond est un joueur. C'est ce qu'il aime faire. Mais ce n'est pas le moment de jouer avec l'avenir du pays", a martelé samedi la Première ministre, appelant les électeurs à "juger" de tout cela lors des élections du 6 mai.
Grand favori, le SNP espère y décrocher une majorité telle au Parlement local qu'elle rendrait intenable la position du gouvernement de Boris Johnson, qui refuse tout nouveau référendum d'autodétermination sur l'indépendance de l'Écosse au motif qu'un tel vote ne doit avoir lieu qu'une fois par génération, malgré les changements induits par le Brexit.
Si les récents sondages montrent que Sturgeon conserve la confiance d'une majorité d'Écossais, contrairement à Salmond -dont la réputation a été sévèrement écornée-, Alba a marqué samedi un premier coup fort en ralliant à sa cause un député SNP de longue date.
La défection de Kenny MacAskill, en désaccord avec la stratégie électorale d'un parti où il a passé plus de 40 ans, fourni à Alba son tout premier député siégeant au Parlement britannique de Londres.
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