Les douanes ont intercepté plus de 157 kg de cocaïne en Guyane en janvier, soit davantage que sur toute l'année 2014 - 145 kg - dans la collectivité, a indiqué une source interne à l'AFP confirmant une information de Guyaweb.
Avec 22 kilos supplémentaires saisis le 31 décembre et 40,8 kg saisis par la gendarmerie des transports aériens le 20 janvier, ce sont en tout près de 220 kg qui ont été interceptés en moins d'un mois dans le département français d'Amérique du Sud.
En 2018 comme en 2019, les douanes ont saisi un peu plus d'une tonne sur l'ensemble de l'année. Depuis la fin 2020, "la tendance" est à la hausse des quantité transportées "dans les valises en soute", confirme le directeur régional des douanes Alexis Lopes.
Ces 25 saisies des douanes au total en janvier ont été réalisées alors que deux avions tout au plus par jour décollaient direction de l'aéroport parisien d'Orly.
Selon une source judiciaire, "les commanditaires jouent sur la saturation des dispositifs" avec des effectifs limités et des procédures longues: 4 heures pour un traitement "classique", indique un douanier, "beaucoup plus si le passeur a ingéré".
Ainsi le 20 janvier, 4 passagers ont été interceptés à l'aéroport: un couple pris par la gendarmerie avec 40,8 kg de cocaïne et deux autres mules, avec chacune un peu plus de 3,7 kilos. L'envoi par fret aérien est aussi une réalité: le même jour, un colis postal avec près de 5 kg de la même substance a été découvert.
Les autorités locales tentent de trouver des réponses au "manque de moyens" reconnu par l'ancien préfet Marc Del Grande courant 2020 devant une mission sénatoriale.
Un arrêté préfectoral signé début 2019 refoule des passagers suspects par "profilage", sans fouille des bagages, avec trois jours d'interdiction d'aéronef. Le tribunal administratif l'a jugé deux fois irrégulier puis a admis sa version revue, fin 2019.
Pour ne pas engorger la chaîne pénale, les mules se voient proposer une procédure de plaider-coupable, sans procès, jusqu'à 3,5 kilos de cocaïne transportés.
Pour une source ayant requis l'anonymat, l'aménagement des peines a un effet pervers: "Depuis fin 2017, les mules non récidivistes ne sont plus incarcérées, elle sont condamnées à des peines de prison aménageables et interdites d'aéroport. Les recruteurs le savent et c'est un argument pour convaincre."
Le recrutement de jeunes de métropole qui transportent la drogue lors de leur trajet retour est une autre tendance.
Le 19 janvier en comparution immédiate, deux femmes venues de l'Hexagone, interceptées avec près de 23 kg, ont été condamnées à 3 ans de prison dont deux avec sursis sans incarcération et à 5 ans d'interdiction de territoire en Guyane.
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